Citations & Anecdotes




"to hide art by very art"
"cacher l'art par l'art même"



 

 



 


 

Index
Sommaire

Actualité - concerts,TV,radio...
Actual

De Rameau

Les talents ne se donnent point ; ils se perfectionnent seulement à force de les bien cultiver, mais la science s'acquiert et, qu'on ne se trompe pas, c'est à l'aide de cette science qu'on trouve les moyens de bien cultiver les talents.

La vraie musique est le langage du coeur.

C'est à l'âme que la musique doit parler.

Quand nous composons de la musique, ce n'est pas le temps de rappeler les règles qui pourraient tenir notre génie en esclavage.

Un bon musicien doit se livrer à tous les caractères qu'il veut dépeindre et comme habile comédien, se mettre à la place de celui qui parle ; se croire être dans les lieux où se passent les différents événements...
Traité de l'Harmonie,  1722.

 Je suis trop jaloux des succès que le Public daigne accorder à mes ouvrages pour souffrir qu'on cherche à en diminuer le nombre.
Mercure de France,  juillet 1749.

... Nous sommes obligés de céder aux instantes sollicitations que nous recevons de toutes parts, pour avertir les Sujets de ce Théâtre (l'opéra), dont les talents sont chers au Public, qu'ils en perdront toute sa faveur s'ils persistent dans l'habitude d'une lenteur à laquelle on ne peut plus se prêter. L'affectation de donner des sons pleins ou éclatants sur toutes les syllabes, de prolonger les cadences, ou de faire valoir tous les ornements du chant, en produit nécessairement une très grande dans le jeu ; et tout l'ensemble produit, avec l'ennui, les contresens les plus choquants contre la vraisemblance du Dialogue. Ce n'est point à notre Musique nationale mais souvent à la manière de l'exécuter, qu'il faut attribuer le ridicule dont veulent la couvrir sans réflexion les Etrangers qui la connaissent mal, ou des Patriotes qui la décrient de mauvaise foi, cela doit s'entendre particulièrement du récitatif .
Mercure de France,  mars 1762.

Il faut être au fait du spectacle, avoir longtemps étudié la nature pour la peindre le plus au vrai qu'il est possible, avoir tous les caractères présents, être sensible à la danse, à ses mouvements, sans parler de tous les accessoires ; connaître les voix, les acteurs, etc. Le ballet vous conviendrait mieux que la Tragédie pour le début... Il faudrait, avant que d'entreprendre un si grand ouvrage, en avoir fait de petits, des cantates, des divertissements, et mille bagatelles de cette sorte qui nourrissent l'esprit, y échauffent la verve, et rendent insensiblement capable de plus grandes choses. J'ai suivi le spectacle depuis l'âge de douze ans ; je n'ai travaillé pour l'opéra qu'à cinquante ans, encore ne m'en croyait-on pas capable ; j'ai hasardé, j'ai eu du bonheur, j'ai continué...
Lettre à Mongeot, publiée par  le Mercure de France,  juillet 1765.

ité - CD & DVD

Actualité - Livres

Biographie
Glossaire
Oeuvres
Discographie
Bibliographie
Liens
Contacts

English Version

 

 

Sur Rameau et son oeuvre

Sur l'oeuvre

Monseigneur, il y a dans cet opéra assez de musique pour en faire dix.
C'est Maret qui rapporte cette réflexion de Campra au Prince de Conti, à propos d'Hippolyte et Aricie (1733). A propos de Rameau, et en cette même occasion, Campra aurait également déclaré : Voici l'homme qui nous chassera tous.

...Beaucoup de bruit, force fredon ; et lorsque par hasard il s'y rencontrait deux mesures qui pouvaient faire un Chant agréable, l'on changeait bien vite de ton, de mode, et de mesure, toujours de la tristesse au lieu de la tendresse, le singulier était du baroque, la fureur du tintamarre ; au lieu de la gaieté, du turbulent, et jamais de gentillesse, ni rien qui peut aller au coeur.
Anonyme, Mercure de France, mai 1734, à propos d'Hippolyte et Aricie.

De tout ce que je viens d'extraire, je crois que l'on jugera l'Ouvrage de M. Rameau moins comme un système, que comme une démonstration sensible et palpable de la Musique prise dans son origine, et suivie dans tous ses effets ; puisque le principe sur lequel il se fonde nous est donné, comme nous l'avons dit, par la Nature, et que tout est produit Harmoniquement, Arithmétiquement, et Géométriquement.
Cette vérité existait, mais il fallait être né pour la découvrir ; il fallait un homme grand Musicien, mais tout à la fois capable de devenir Physicien et Géomètre habile en cette partie, pour rassembler sous un même point de vue ce que les Anciens, ou Musiciens, ou Physiciens, ou Géomètres, nous ont laissé à deviner dans leurs différents Ouvrages, et dans leurs différentes recherches ; aussi cet Auteur élevé dans l'étude et dans la pratique de la Musique a-t-il bien senti que, quand on la lui donnait seulement comme un Art, on ne lui donnait pas tout ; aussi a-t-il bien aperçu, dans les Anciens comme dans les Modernes, des opérations émanées de faux principes, des méthodes sans fondement principal, des règles de simple convention, sans accord, sans correspondance entre elles ; aussi a-t-il découvert et puisé dans la Nature même toutes ses expériences et le principe fondamental dont tout est produit.

Thérèse Boutinon des Hayes, "Etude sur la Génération Harmonique de Rameau", Le Pour et le Contre, 1737.

Monsieur Rameau après avoir donné des preuves de ses profondes connaissances dans la musique, après en avoir découvert le principe, principe aussitôt adopté que conçu, hasarde un nouveau genre de musique sur le théâtre. On en est d'abord étourdi parce qu'on ne soupçonnait pas encore qu'il pût se trouver de l'expression dans une musique indépendante des paroles, parce qu'on ne se doutait pas encore de la séduction des paroles en faveur du chant qui s'y trouve joint, et parce qu'on ne songeait point encore à se prêter à la musique relativement aux situations.
"Lettres sur les Opéras de Phaëton et d'Hippolyte", In Guyot-Desfontaines, 1743.

M. Rameau est considéré par tous les connaisseurs, comme un des plus grands musiciens qui ait jamais existé, et c'est avec raison.
Baron Grimm, "Lettre à Gottsched", 1752 - peu de temps avant son entrée dans le camp des Italiens, et ses critiques virulentes de Rameau et de ses oeuvres.

Mon étonnement est à son comble, quand je pense que l’auteur de Pygmalion est celui du quatrième acte de Zoroastre, que l’auteur de Zoroastre est celui de Platée, et que l’auteur de Platée a fait le divertissement de la Rose dans l’acte des Fleurs. Quel Protée toujours nouveau, toujours original, toujours saisissant le vrai et le sublime de chaque caractère !
Baron Grimm, Lettre sur Omphale, 1752

Personne n'a mieux que lui saisi l'esprit des détails, personne n'a mieux su l'art des contrastes..
Jean-Jacques Rousseau, Lettre à Grimm.

Je connais des gens à qui un Opéra de M. Rameau, a valu les conseils des Molins et des Vernages, ils étoient fort malades en entrant, ils en sortoient guéris. Je ne parle que de ceux qui ont un organe sensible.
Pierre-Louis d'Aquin de Châteaulyon, Le Siècle Littéraire de Louis XV, vol. I, "Sur la musique et ses effets", 1753.

En donnant les louanges les plus grandes et les plus méritées au génie de Rameau, il faut pourtant avouer que ce grand homme a fait un tort considérable à l'Opéra, en sacrifiant, sans esprit et sans goût, continuellement, les poèmes à la musique. C'est lui qui le premier a forcé les poètes lyriques à restreindre un sujet traité dans un seul acte, à quatre-vingt-dix ou cent vers tout au plus [...].
Rameau a toujours immolé les poètes aux danses et aux ballets proprement dits ; il lui faut un valet de chambre parolier, si l'on peut s'exprimer ainsi ; un poète, un homme qui aura du talent, ne voudra pas sacrifier sa réputation à la manie du musicien, et Rameau a poussé cette manie jusqu'où elle pouvait aller.

Charles Collé, librettiste, 31 mai 1757.

Ce génie en musique, très bête d'ailleurs, a donné dans une très grande absurdité, de penser que les paroles d'un poème n'étaient pas nécessaires à sa réussite ; je ne craindrais point de prédire que ses chef-d'œuvres de musique, dont les poèmes sont mauvais, n'iront point à la postérité, et je parierais que Platée, par exemple, qui est au dire des connaisseurs,  le morceau le plus singulier de musique qu'il ait fait, et de la plus belle et la plus forte, ne se jouera pas encore dans vingt ans, ou bien il viendra quelque auteur qui fera et calquera un autre poème sur sa musique, ce qu'il n'y a pas lieu d'espérer ; et voilà ce que c'est  que d'avoir eu la présomption de dire qu'on mettra la gazette de Hollande en musique ; d'avoir, sans pitié et sans raison, sacrifié comme un stupide le Poète à son orgueil musical ; d'avoir réduit le plaisir de l'Opéra à des sons ; d'avoir mis tout en ports de mer ; de n'avoir voulu que des airs de violon, des choeurs et des fêtes ; et jamais des scènes, et jamais des poèmes.
Charles Collé, librettiste, 12 février 1760.

Il était réservé à un génie profond de sonder toutes les profondeurs de l’harmonie, de démontrer ce qui n’avait été que senti, et de jeter un jour nouveau sur la théorie de son art… La veine inépuisable du grand Rameau est tour à tour forte, sublime, tendre et voluptueuse. Il a été bien plus loin que Lully à quelques égards, parce qu’il est venu après, et, sans être son copiste, il a été avec lui l’Empire de de la Musique.
Daquin,  " Les Spectacles de Paris ", in Le Censeur hebdomadaire, 1761.

.... il a osé tout ce qu'il a pu, et non tout ce qu'il aurait voulu oser..., il nous a donné non la meilleure musique dont il était capable, mais la meilleure que nous puissions recevoir.
Jean Le Rond d'Alembert, 1763.

Il faudra revenir à la noblesse, à la belle harmonie et au sentiment de la belle musique du grand Rameau.
Jean-Baptiste-Antoine Forqueray, "Lettre au Prince Frédéric de Prusse", 1769.

Il nous semble que le Compositeur qui sent ces nuances, a vu dans la musique dramatique ce que personne n'y cherchait.
Gluck, à propos du choeur "Que tout gémisse" de Castor et Pollux.

Rameau est le premier musicien français qui mérite le nom de maître.
Hector Berlioz, 1842.

Je suis un ardent admirateur de cet homme illustre : il a rendu à l’art musical de si grands services… Les productions dramatiques, les ravissantes compositions de clavecin que je fais toujours exécuter chez moi par la meilleure interprète, Mme Tardieu, ont été et seront toujours l’objet de ma constante admiration et de mon bonheur.
Rossini, "Lettre à Stephen de la Madeleine", 4 septembre 1862.

Rameau est un contemporain de notre Haendel, de notre Bach, et digne de ces grands noms... La cérémonie funèbre du premier acte de Castor, l’arrivée des démons au troisième acte, l’invocation au Nil du troisième acte des Fêtes de l’Hymen, ce sont là des scènes qui appartiennent à ce que la musique dramatique a produit de plus puissant.
Kretzschmar.

Vive Rameau ! A bas Gluck !  
se serait écrié Claude Debussy  en assistant à la recréation de La Guirlande, à la Schola Cantorum, en 1903.

Pourquoi n'avoir pas suivi les bons conseils qu'il nous donnait d'observer la nature avant de nous essayer à la décrire ?  
Claude Debussy, Figaro, 8 mai 1908.

Il eut peut-être tort d'écrire ses théories avant de composer ses opéras, car ses contemporains y trouvèrent l'occasion de conclure à l'absence de toute émotion de sa musique.
Claude Debussy,  Rameau, novembre 1912.

L'immense apport de Rameau est ce qu'il sut découvrir  de la "sensibilité dans l'harmonie" ; ce qu'il réussit à noter certaines couleurs, certaines nuances dont, avant lui, les musiciens n'avaient qu'un sentiment confus.
Claude Debussy,  Rameau, novembre 1912.

Rameau, qu'on le veuille ou non, est une des bases les plus certaines de la musique, et l'on peut sans crainte marcher dans le beau qu'il traça, malgré les piétinements barbares, les erreurs dont on l'embourba. C'est pourquoi, aussi, il faut l'aimer, avec ce tendre respect que l'on conserve à ses ancêtres, un peu désagréables, mais qui savaient si joliment dire la vérité.
Claude Debussy,  Rameau, novembre 1912.

Pourquoi tant d'indifférence pour notre grand Rameau ? Pour Destouches, à peu près inconnu ? Pour Couperin, le plus poète de nos clavecinistes, dont la tendre mélancolie semble l'adorable écho venu du fond mystérieux des paysages où s'attristent les personnages de Watteau ? Cette indifférence devient coupable, en ce qu'elle donne aux autres pays - si soigneux de leurs gloires - l'impression que nous ne tenons guère aux nôtres, puisqu'aucun de ces illustres français ne figure sur les programmes, pas même à ce moment de l'année où il est d'usage de se rapprocher de ses vieux parents.
Claude Debussy,  S.I.M., 15 janvier 1913.

Souhaitons, qu'à côté de la Société Bach, qui s'occupe si activement de conserver le souvenir de cet ancêtre de toute musique, il se fonde une Société Rameau, celui-là est notre ancêtre par le sang ; nous devons bien cet hommage à son esprit.
Claude Debussy,  S.I.M., 15 janvier 1913.

Nul musicien n'a créé plus de rythmes que Rameau.
Pierre Lalo.

Monsieur Rameau est le peintre sublime des grandes émotions.
Daquin.

Un des grands mérites de Rameau, c'est que dans ses vingt-deux opéras, il ne s'est jamais répété.
Hirsching.

Dans ses rencontres avec d’illustres adversaires, il a été souvent vainqueur, toujours invaincu. Chaque fois, surgissant du passé, il s’est dressé devant nous, face aux musiciens de son siècle : supérieur à presque tous, égal aux têtes les plus hautes.
Pierre Lalo.

Händel a étudié en connaisseur l'opéra-ballet français et Rameau ; il y a puisé volontairement des idées, et, partout où s'offrait une occasion favorable, les a utilisées dans ses oeuvres.
Leichtentritt.

Rameau, symphoniste, est l’égal des plus grands. Il suffirait de feuilleter ses partitions pour reconnaître que Mozart ni Beethoven ne le dépassent dans l’invention.
Pierre Lasserre, in L’Esprit de la Musique française, Payot, 1917.

La musique éloquente et passionnée de Rameau amena le ballet, de l'aveu de Noverre, bien proche de la perfection.
Heine.

Lisez et relisez-les, ces quatre pages immortelles... et vous ne vous en lasserez pas. Quel rythme ! Quelle démarche ! Quelle délicatesse ! Quelle mesure ! Que de coeur ! Et quelle musique ! Je sais, dans la musique moderne, de longs duos d'amour, couverts d'une gloire méritée, qui remplissent l'orchestre de mouvements, la salle de sons et les âmes de vertige. Combien j'aimerais mieux avoir écrit ces quatre petites pages, ce murmure mélodieux et divinement scandé de tendresse et de douleur ! C'est la manière française. Il faut y revenir... si l'on peut. Ce n'est pas commode. C'est infiniment difficile. C'est le comble de la finesse musicale et de l'exquis dans la sensibilité. Mais c'est la manière française.
Pierre Lasserre, à propos de la scène d'amour entre Castor et Télaïre au cinquième acte de Castor et Pollux.

De toutes ces compositions, rien n’a vieilli, alors que Beethoven, Schubert, Berlioz, Liszt, Wagner et César Franck nous montrent tant de pages et de phrases surannées.
Louis Laloy.

Nous savons que Vogler a adapté Castor et Pollux au goût allemand... nous savons d'autre part que Weber était l'élève de Vogler... Nous trouvons... de Weber, des variations sur des passages de Castor et Pollux, où le style de Rameau peut encore être reconnu.
Gaudefroy-Demonbynes.

Il se montre à nous comme le créateur non seulement de la symphonie qui va de Haydn à Mozart, mais aussi de la symphonie moderne, à commencer par Beethoven, dont certaines pages... semblent évoquer impérieusement certaines pages d'"ouvertures ramistes".
Georges Migot.

Cette polyphonie en mouvement est assez puissante pour être la génératrice de tous les genres symphoniques venus après Rameau.
Georges Migot.


On doit même voir dans les récitatifs de Rameau, les meilleurs qui nous aient jamais été donnés, avec ceux de Monteverdi. Et nul après eux, pas plus Berlioz que Gluck, Mozart que Pergolèse, Wagner que Rossini, ne les a égalés.
Jacques Gardien, Rameau, 1949.

Sur l'homme

Rameau était d'une taille au-dessus de la médiocre, mais d'une maigreur singulière ; tous les traits de son visage étaient grands et annonçaient la fermeté de son caractère, ses yeux étincelaient du feu dont son âme était embrasée ; si ce feu paraissaît quelquefois assoupi, il se ranimait à la plus légère occasion, et Rameau portait dans la société le même enthousiasme qui lui faisait enfanter tant de morceaux sublimes...
Maret.

Il se plaçait presque toujours dans une petite loge, lors des représentations de ses opéras ; mais il s'y cachait de son mieux, et même s'y tenait couché. Si le public l'apercevait et l'applaudissait, il recevait les applaudissements avec une modestie qui l'en rendait encore plus digne.
Maret.

Je le voyais venir à l'aide de la lorgnette : ce n'était plus qu'un long tuyau d'orgue en l'absence du souffleur. Après m'avoir meurtri les joues du choc des siennes, nous nous efforcions d'entrer le premier en conversation ; sa grosse voix lui donnait le pas.
Piron.

Rameau était d'une taille fort au-dessus du médiocre, mais d'une maigreur singulière... Il ressemblait plus à un fantôme qu'à un homme.
Chabanon.

... Rameau, déjà vieux, n'était pas disposé à changer de manière, et dans celle des Italiens, ne voulant voir que les vices et l'abus, il feignait de la mépriser. Le plus bel air de Leo, de Vinci ou de Pergolèse, de Jomelli le faisait fuir d'impatience...
Marmontel, Mémoires.

Mais tout à son talens, il voyait peu les siens ;
Très souvent, toutefois approuvant sa doctrine,
Aux Jardins on le vit me faire bonne mine :
Des heures se passaient tous deux à discourir,
Mon art à l'écouter sçavait le retenir,
Surtout à ce grand mot, basse fondamentale,
"Comme elle est des accords la marche principale ;
"Comme dans la nature, elle prend ses progrès,
"Que c'est à ce sçavoir qu'on doit tous ses succès ;
"Comme elle est le flambeau, la plus sûre boussole,
"Pour trouver un beau chant sans faire efforts d'école
"Comme elle est le moyen qui nous fait découvrir
"Les beautés d'un Auteur qu'on chante avec plaisir,
"Que cela supposait dans cette conjecture,
"Connaître des accords, l'effet & la nature ;
"Qu'il fallait de l'organe être favorisé,
"Pour ordonner du goût dans le bon sens puisé ;
"Qu'on ne pouvait juger du trait de mélodie,
"Qu'à raison de l'effet de ce fond d'harmonie,
"Qu'elle était du beau chant le principe & la fin
"Qui dans ses procédés rend l'Artiste certain.
Comme je l'entendais, je lui plaisais sans doute,
A pouvoir quelque tems ensemble faire route,
Car d'humeur d'en parler, il n'était pas toujours :
Trêve alors de musique, on parlait des beaux jours.
Mais bientôt emporté par des traits de génie,
C'était bien vite à moi de quitter la Partie :
Si bien donc il parvint, moi toujours espérant,
Sans pouvoir m'être utile à son dernier instant.
Il fut l'admirateur des talens de mon Père,
Mais il en fut rival pour la main de ma mère.
Jean-François Rameau, La Raméïde.

Voyez cette pure intelligence!... Voyez cet esprit droit et probe, cette ardente sensibilité vibrante sans effort et sans quête pénible de soi-même! Voyez cette bonté céleste ! L'harmonie la plus parfaite a façonné ce visage... Cet équilibre intérieur et contentement de soi, également éloignés de la vanité rayonnante que de la morgue hautaine, témoigne de la vie intérieure de cet homme excellent.
Goethe, 1775.

 

Divers

Après que nous eûmes causé, sa petite soeur joua  sur le clavecin, comme Rameau, des pièces de Rameau et d'autres de sa propre composition.
Le Président De Brosses relate cette anecdote milanaise dans une de ses lettres d'Italie en date du 17 juillet 1739, après sa visite à la Signora Agnesi, une jeune prodige, âgée de 18 à 20 ans, remarquable par sa maîtrise du latin et sa capacité et sa maturité à traiter de philosophie. C'est la jeune soeur de celle-ci que de Brosses entendit jouer "comme Rameau, des pièces de Rameau".