Zaïs
Livret de Louis de Cahusac


"to hide art by very art"
"cacher l'art par l'art même"

 


 



 

 



 


 

 

Index
Sommaire
Site Map

 

Ballet héroïque,
représenté par l’Académie Royale de Musique, pour la première fois,
Le jeudi 29 février 1748,
et repris le 23 avril de la même année.

 

ACTEURS DU BALLET.

ZAÏS, Génie de l’air – Mr Jeliotte
CINDOR, Silphe, Confident de Zaïs – Mr Le Page
ZÉLIDIE – Melle Fel
LA GRANDE PRÊTRESSE DE L’AMOUR – Melle Romainville
L’AMOUR – Melle Chefdeville
UNE SYLPHIDE – Melle Romainville
UN SYLPHE – Mr Poirier
OROMASÈS, Roi des Génies – Mr Albert
GÉNIES DES ÉLÉMENTS
SYLPHES & SYLPHIDES, de la Cour de Zaïs
BERGERS & BERGÈRES
CHASSEURS & CHASSERESSES
PRÊTRESSE DE L’AMOUR

 

PROLOGUE

Le Théâtre représente le Palais d’Oromasès, Roi des Génies. Oromasès est sur un trône formé des quatre Éléments. Tous les Génies sont répandus dans le Palais en différentes attitudes, & plongés dans un profond assoupissement.

L’Ouverture peint le débrouillement du Chaos, et le choc des Éléments lorsqu’ils sont séparés.

SCÈNE PREMIÈRE.

OROMASÈS, GÉNIES ÉLÉMENTAIRES DES EMPIRES, etc.

OROMASÈS.
Éveillez-vous troupe immortelle.
Le Destin parle en cet instant ;
Le monde que sa voix appelle
Sort des abîmes du néant.
Les Cieux, les airs, la terre & l’onde
Vont se mouvoir par vos commandements.
Conservez l’harmonie entre leurs mouvements,

Fixez l’ordre & les temps, soyez l’âme du monde.

CHŒUR DES GÉNIES.
Éveillons-nous, quittons pour jamais le repos.

OROMASÈS.
Les Éléments soumis sont en votre puissance.

OROMASÈS & LE CHŒUR.
Volez, votre empire commence,/Volons, notre empire commence,
Où finit celui du chaos.

SCÈNE II.

OROMASÈS, GÉNIES DES EMPIRES, &c., SYLPHES ET SYLPHIDES.

Le fond du Théâtre représente un Horizon, tel qu’il est formé par l’Aurore.

CHŒUR DE SYLPHIDES.
La naissante Aurore
Embellit les airs.
Le ciel se colore,
L’éclat qui le dore
Pare l’Univers.

(On voit un tourbillon de flammes, qui s’élance rapidement dans le fond, & qui redouble la clarté des Cieux.)

CHŒUR.
Quelle lumière vient d’éclore !…
Quel rapide globe de feux !

OROMASÈS alternativement avec le CHŒUR.
Astre éclatant répands la clarté la plus pure :
Commence ton cours glorieux.

Éclaire l’Univers, anime la nature,
Soleil, sois le chef-d’œuvre & le rival des Dieux.

(On découvre dans l’éloignement des torrents impétueux qui se précipitent, ils se réunissent dans la plaine & forment une mer, dont les flots viennent se briser contre un rivage couvert de fleurs et d’arbres naissants.)

OROMASÈS.
Les torrents s’ouvrent sur un passage,
L’Onde se réunit…. les flots impétueux
Sont enchaînés par leur rivage.

(On entend le chant des Oiseaux.)

UNE SYLPHIDE.
Chantez oiseaux, chantez, votre aimable ramage
Exprime le plaisir, & l’inspire à nos cœurs.
Volez zéphyrs, volez sur ces naissantes fleurs,
Leur empire est votre partage.

LES CHŒURS.
Terre, séjour délicieux,
Ta beauté nouvelle est l’image
Des Cieux.

(Le Chœur est interrompu par une symphonie brillante.)

OROMASÈS.
Ciel ! Quels concerts se font entendre ?…

CHŒUR DES SYLPHIDES.
Un feu nouveau ranime notre cœur.

 

SCÈNE III.

L’AMOUR, suivi des PLAISIRS & DES JEUX,
OROMASÈS & les GÉNIES de sa suite.

L’AMOUR.
Connaissez le Dieu du bonheur :
Sur vos jours je viens le répandre.

Je ne régnais que sur les Dieux :
Vous vivez, éprouvez la douceur de mes feux.

Ma puissance s’étend sur tout ce qui respire ;
Les mortels en naissant vont m’adresser leurs vœux,
Le destin vous remet le soin de les conduire,
Quand vous serez vous-même heureux,
Vous pourrez bien mieux les instruire.

Volez plaisirs, suivez mes pas,
Vous faites le prix de la vie.
Votre charme qui les varie,
Peut seul lui prêter des appas.

Volez plaisirs, suivez mes pas,
Vous faites le prix de la vie.

(Ballet des Plaisirs & de toute la suite de l’Amour.)

L’AMOUR.
Que l’Amour seul soit votre maître :
Dès qu’on respire il doit être écouté.
On ne saurait trop tôt connaître
La route qui conduit à la félicité.

(On danse.)

L’AMOUR.
Aimez, jouissez sans cesse
Des doux loisirs
Que le destin vous laisse.

¨Par vos concerts, par vos chants d’allégresse,
Annoncez aux Dieux vos plaisirs.

CHŒURS.
Aimons, jouissons sans cesse
Des doux loisirs
Que le destin nous laisse.

Par nos concerts, par nos chants d’allégresse,
Annonçons aux Dieux nos plaisirs.

(Sur ce Chœur, il se forme une danse générale, qui finit le Prologue.)

FIN DU PROLOGUE.

 

Zaïs
Ballet héroïque

ACTE PREMIER.

Le Théâtre représente une avenue champêtre. Le Temple de l’Amour est dans le fonds : on y voit dans le milieu la statue du Dieu.

SCÈNE PREMIÈRE.

ZAÏS en Berger, CINDOR.

CINDOR.
Génie égal aux Dieux,
Zaïs, aimez comme eux.
Ne prenez de l’Amour que ce qu’il a d’aimable :
Épargnez-vous d’inutiles soupirs ;
Sans les fixer jamais amusez vos désirs.
S’il est une chaîne agréable
Ce n’est que celle des plaisirs.

ZAÏS.
Connais mieux les douceurs d’un amour véritable.
Tout se change en plaisir près de l’objet aimé.
Sa langueur intéresse, il ravit s’il soupire.
D’une aimable gaieté paraît-il animé,
C’est l’Amour que l’on croit voir sourire.
À ses accents, l’air qu’on respire
Semble sans cesse parfumé
Par les tendres soupirs de Flore & de Zéphyr.
Tout se change en plaisirs près de l’objet aimé.

CINDOR.
Les charmes d’une amour nouvelle
Sur vos malheurs passés ferment toujours vos yeux.

Zaïs, pour pouvoir être heureux,
Vous exigez trop d’une Belle ;
Vous voulez remplir tous ses vœux,
Et qu’elle soit toujours fidèle,
Un tel effort est-il d’une mortelle.

Zaïs pour pouvoir être heureux,
Vous exigez trop d’une Belle.

ZAÏS.
L’Amour par ce déguisement
A déjà commencé le bonheur de ma vie.
J’adore une Bergère, & son âme attendrie…

CINDOR.
Une Bergère aussi peut trahir son amant.

ZAÏS.
Sa candeur me promet le bonheur que j’espère.
Non ce n’est que dans les hameaux
Qu’on peut trouver un cœur sincère.
Je la vois… fuis Cindor, ta présence en ces lieux,
De mon déguisement trahirait le mystère.

CINDOR.
Il suffit. Je ne suis visible qu’à vos yeux.

(Cindor disparaît.)

 

SCÈNE II.

ZAÏS, ZÉLIDIE.

ZAÏS.
Aimable Zélidie, un solennel oracle
Rend chère à nos Bergers la fête de ce jour.
Ne venez au temple de l’Amour,
Que pour voir ce charmant Spectacle.

ZÉLIDIE.
Zaïs, je ne cherchais que vous.
Pour moi votre tendresse est l’oracle suprême,
Et le spectacle le plus doux,
Est de voir l’objet que l’on aime.

ZAÏS.
Le bonheur m’arrête en ces lieux :
Il se refusait à mes vœux,
Sans vous il me fuirait encore.
À mon âme, vos tendres feux
Ont été ce que sont aux Cieux
Les premiers rayons de l’aurore.

ZÉLIDIE.
Que mon cœur est touché de cet heureux retour !
Hélas ! Avant de vous connaître
Mes regards erraient dans ce séjour.
Je vous vis & je crus renaître ;
Le terre s’embellit des feux de votre amour.

Ce que je vois m’offre sans cesse
Des beautés dont le charme augmente mon bonheur.
Des oiseaux la tendre allégresse,
Un ruisseau qui murmure, une naissante fleur,
Tout flatte & nourrit ma tendresse,
Se pare de vos traits, & vous peint à mon cœur.

ZAÏS.
Que notre ardeur soit éternelle,
Et qu’elle augmente chaque jour.

ZAÏS & ZÉLIDIE.
On ne formera jamais une chaîne aussi belle ;
Je ne vis que par mon amour.

(On entend dans l’éloignement le prélude d’une fête.)

ZAÏS.
Nos bergers dans ce temple en foule vont se rendre…
Pour célébrer l’Amour joignons-nous avec eux.

ZÉLIDIE.
Ce Dieu n’en verra point dont le cœur soit plus tendre,
Ni qu’il ait rendu plus heureux.

 

SCÈNE III.

ZAÏS, ZÉLIDIE, BERGERS, BERGÈRES.

CHŒUR.
Accourons tous, que tout s’empresse
D’adorer le Dieu des amants.

ZAÏS & ZÉLIDIE, avec le Chœur.
Qu’il nous enchaîne, qu’il nous blesse ;
Qu’il rende heureux tous nos moments.

 

SCÈNE IV.

LA GRANDE PRÊTRESSE DE L’AMOUR, PRÊTRESSES, & LES ACTEURS PRÉCÉDENTS.

LA GRANDE PRÊTRESSE.
Unissez vos chants & vos vœux :
L’Amour se plaît à les entendre.
C’est sur vous qu’il aime à répandre
Ses bienfaits les plus précieux.

Dieu vainqueur, dieu charmant, le reste des mortels
Aspire à tes bienfaits sans brûler de tes flammes.
L’encens de ces bergers honore tes autels,
Tu règnes toujours sur leurs âmes.

LES CHŒURS reprennent avec la PRÊTRESSE.
Unissons nos chants, &c.
Unissez vos chants, &c.

LA GRANDE PRÊTRESSE seule.
Tendres Bergers offrez-lui vos présents :
Portez à ses autels des désirs innocents.

BALLET FIGURÉ.
Les Bergers & les Bergères entrent dans le Temple. La grande Prêtresse précédée des Prêtresses, & suivie de Zaïs & de Zélidie les suivent. On couronne la statue du Dieu de guirlandes de fleurs, les Bergers & les Bergères reviennent sur le devant du théâtre.

LA GRANDE PRÊTRESSE.
Dieu, souverain des Dieux que l’Univers encense ;
La fortune offre à ta puissance
Les plus riches présents pour ravir tes faveurs.
De ces Bergers la tranquille innocence
Ne porte à tes autels qu’un cœur tendre & des fleurs.

(On danse.)

ZÉLIDIE.
Tous les biens qu’offre la fortune
N’ont qu’une douceur importune :
L’Amour seul peut les rendre chers.
Une fleur nouvelle
Que nous offre un amant fidèle,
Vaut tous les biens de l’Univers.

LA GRANDE PRÊTRESSE.
Aux autels de l’Amour le cœur doit seul conduire,
Lorsqu’on veut fléchir ses rigueurs,
Il garde toutes ses douceurs
Pour les tendres feux qu’il inspire.

(On entend une symphonie voluptueuse).

Ces sons harmonieux m’annoncent sa présence.

Cœurs légers et présomptueux,
Vous ignorez les biens que sa main nous dispense.
Craignez de l’irriter par de profane vœux.
Chantez, bergers heureux, il va combler votre espérance.

ZAÏS, ZÉLIDIE, LA GRANDE PRÊTRESSE,
alternativement avec le CHŒUR.
Descend des cieux
Dieu de nos âmes :
Vole, règne sur nous, viens embellir ces lieux.
Partout où brillent tes flammes,
On trouve le séjour des Dieux.

 

SCÈNE V.

L’AMOUR, sur des nuages légers, ornés de guirlandes de fleurs :
& LES ACTEURS PRÉCÉDENTS.

L’AMOUR.
Ma puissance prépare à l’Empire amoureux
Un exemple touchant, & d’illustres modèles.

Vous qui formez de nouveaux nœuds,
Méritez de fixer sur eux
Mes faveurs immortelles.

Éprouvez l’objet de vos feux.
L’Éclat de mon flambeau ne blesse point les yeux
Des amants tendres et fidèles :
Plus leurs épreuves sont cruelles,
Plus leur triomphe est glorieux.

L’Amour commande, allez, & remplissez mes vœux.

(L’Amour s’envole, tous les Acteurs se retirent.)

FIN DU PREMIER ACTE.

 

ACTE SECOND

Le Théâtre représente le Palais de Zaïs. Il est dans les airs. Des nuages brillants forment les bases des colonnes, dans le fond on voit des vapeurs légères qui flottent au niveau du théâtre. Plusieurs groupes de statues forment les ornements du palais.

SCÈNE PREMIÈRE.

ZAÏS en habit de Berger.
Charme des cœurs ambitieux
Éclat, trop envié, de la grandeur suprême,
Vous ne sauriez remplir mes vœux.

Pourrai-je être aimé comme j’aime ?
Mes bienfaits font régner le bonheur en ces lieux.
Que me sert-il hélas ! De faire des heureux,
Si je ne puis l’être moi-même.

Charme des cœurs ambitieux
Éclat, trop envié, de la grandeur suprême,
Vous ne sauriez remplir mes vœux.

 

SCÈNE II.

ZAÏS, CINDOR, des fleurs brillantes à la main.

CINDOR.
Zaïs m’en croirez-vous ? L’épreuve est trop cruelle.
Zélidie est tendre et fidèle,
Ne forcez point son cœur d’être inconstant.

Pourquoi tenter une épreuve cruelle ?
Le passé vous répond du sort qui vous attend.

ZAÏS.
L’Amour parlait à mon cœur, son oracle est ma loi.
Dans ces lieux les zéphyrs vont porter Zélidie :
Cindor, pour éprouver sa foi,
C’est à toi que je me confie ;
Mais parais, s’il se peut, aussi tendre que moi.

CINDOR.
Notre tranquillité se fonde
Sur le bonheur présent, & sur l’art d’en jouir.
Laissons dans une nuit profonde
Les plaisirs & les maux que cache l’avenir.

ZAÏS.
Le véritable amour se suffit à lui-même.
Des attraits du pouvoir suprême
J’ai vu jusqu’à ce jour tous les cœurs éblouis.
Quel bonheur ! Si l’objet que j’aime
Pouvait l’immoler à Zaïs !…

À mes désirs, que votre ardeur réponde,
Volez Zéphyrs, accourez à ma voix.
Que votre zèle me seconde
Peuples heureux qui vivez sous mes lois.

Zaïs disparaît, & dans le même moment des vapeurs légères répandues dans le palais se dissipent, & laissent voir tous les groupes qui en sont les ornements. Le premier de ces groupes représente l’ORACLE, le second ZÉNÉÏDE, le troisième ZIRPHÉ, le quatrième LE GÉNIE DU FEU, de l’Empire de l’Amour.

 

SCÈNE III.

CINDOR, ZÉLIDIE, portée par deux groupes de Zéphyrs.

CINDOR.
Venez aimable Zélidie,
Venez embellir ce séjour.
Vous triomphez du plus puissant Génie,
Enchaînez sur ses pas les plaisirs & l’Amour.

ZÉLIDIE.
Où suis-je !… Quel pouvoir suprême
M’a transportée en ces beaux lieux !…

CINDOR.
Daignez recevoir les vœux
D’un Immortel qui vous aime.
Sur les ailes des Vents je traversais les airs,
Je vous vis, & je fus ébloui de vos charmes…

ZÉLIDIE.
O ciel !… Quelles seront, cher Zaïs, tes alarmes !…

CINDOR.
Oubliez un Berger indigne de vos fers.
De ce séjour brillants ornements insensibles,
Images du plaisir animez-vous, vivez.

(Les groupes de statues s’animent).

Habitants de ces lieux paisibles
Célébrez dans vos jeux, sous des formes visibles,
Les douces lois que vous suivez.

 

SCÈNE IV.

ZÉLIDIE, CINDOR, SYLPHES & SYLPHIDES de la cour de ZAÏS,
STATUES ANIMÉES.

UNE SYLPHIDE alternativement avec le CHŒUR.
C’est l’Amour qui veille
Au bonheur qui nous suit.
Chaque jour qui nous luit
En beauté surpasse la veille.
Le plaisir nous conseille,
Le penchant nous conduit.
C’est l’Amour qui veille
Au bonheur qui nous suit.

BALLET FIGURÉ.
Ce ballet est formé par les groupes de Statues que Cindor vient d’animer. Ces groupes peignent par leurs pas & par leurs figures différentes, l’histoire des Tableaux qu’ils représentaient avent d’être animés.

UNE SYLPHIDE.
Un amant doit tout se promettre,
Lorsque son cœur peut nous soumettre
Le vœux d’une brillante cour.
Qu’il est doux pour une âme tendre
D’avoir des grâces à répandre,
Et de les devoir à l’amour.

(On danse.)

CINDOR à Zélidie.
Tout ce que le Soleil éclaire
Sous mes ordres vient se ranger.
Ma grandeur me deviendra chère,
Si vous daignez la partager.

ZÉLIDIE.
Hélas ! Est-ce à moi de vous plaire ?
Ai-je un cœur qui puisse changer ?
Je suis une simple Bergère,
Je ne dois aimer qu’un Berger.

CINDOR.
De ma puissance souveraine
Voyez les effets éclatants.
Aquilons rompez votre chaîne.
Que la foudre s’allume & vole avec les vents.

CINDOR avec les Chœurs.
Aquilons rompez votre chaîne.
Que la foudre s’allume & vole avec les vents…

CINDOR seul.
Ma loi suprême les déchaîne.

Le fond du théâtre s’obscurcit. Des nuages s’élèvent rapidement dans la perspective, on voit, & on entend leurs chocs différents ; les Éclairs passent du sein de ces nuages & la foudre s’élance du bas en haut en jets de feu. Le tonnerre gronde sous cette partie du théâtre.

ZÉLIDIE.
Ciel ! Quels éclats ! Quelle terreur soudaine.

CINDOR.
On ne connaît ici le trouble, ni l’effroi ;
Ce n’est que sous nos pieds qu’éclate le tonnerre.

ZÉLIDIE.
Hélas ! Je ne crains rien pour moi ;
Mais mon amant est sur la terre.

CINDOR.
Vous craignez, il suffit, & vos vœux sont ma loi.
Zéphyrs, calmez la terre & l’onde :
Qu’à la nuit succède un beau jour.
Oiseaux, dans une paix profonde
Chantez Zélidie & l’amour.

CHŒUR.
Zéphyrs, &c.

(Pendant ce chœur, les nuages qu’on voyait dans le fond se dissipent, & l’Horizon devient parfaitement serein ; on entend le chant des oiseaux &c.)

(On danse.)

CINDOR.
Pour les mortels les plus heureux
Il n’est point de jour sans nuage.
Nous rions ici de l’orage
Qui ne se forment que pour eux.

(On danse.)

CINDOR avec le Chœur.

Pour les mortels, &c.

(Pendant ce chœur on danse, & sur la fin le divertissement sort.)

 

SCÈNE V.

CINDOR, ZÉLIDIE.

CINDOR.
Cédez à mes soupirs, tout vous rendra le armes.
Vos traits seront encore, s’il se peut, embellis.

ZÉLIDIE.
C’est assez de mes faibles charmes,
Je leur dois l’amour de Zaïs.

CINDOR.
Une fraîcheur toujours nouvelle
Éternisera vos appas,
Et je vais vous rendre immortelle.

ZÉLIDIE.
Qu’entends-je ô ciel !… Quelle peine cruelle !
Zaïs pourrait mourir, & je ne mourrais pas !

CINDOR.
Connaissez un cœur qui vous aime,
Avant de l’accabler de refus offensants.
Ne tentez pas pour fuir des efforts impuissants ;
Mais vivez en ces lieux maîtresse de vous-même.

À qui se pare de ces fleurs
Rien ne saurait désobéir, ou nuire.
Pour voir remplir ses vœux, il suffit qu’on désire.
De leurs pouvoir éprouvez les douceurs,
Vous serez libre après de quitter cet empire.

(Cindor donne à Zélidie les fleurs qu’il portait & se retire.)

 

SCÈNE VI.

ZÉLIDIE, seule.
O ciel ! croirai-je ses discours !…
Quoi ! Je verrais remplir tous les vœux de mon âme !…
Zaïs, je n’aurais plus à craindre pour tes jours !…
Le pouvoir de ces fleurs… S’il éteignait ma flamme…
Je tremble !… Non Zaïs, je t’aimerai toujours.

Contre le beau feu qui m’enflamme
La puissance suprême est un faible secours.
Ah ! que ne peux-tu voir l’excès de mes alarmes !
Qu’elles prouvent bien mon Amour !

J’aurais moins à gémir dans ce fatal séjour,
Si tu jouissais de mes larmes.
Ah que ne peux-tu voir l’excès de mes alarmes !
Qu’elles prouvent bien mon Amour !…

 

SCÈNE VII.

ZAÏS en Berger, ZÉLIDIE.

ZÉLIDIE.
Ciel ! Est-ce vous ! En croirai-je mes yeux !…
On ne me flattait point d’une espérance vaine.

ZAÏS.
Belle Zélidie, en ces lieux
Un pouvoir inconnu m’entraîne…
Je vous vois & je suis heureux.

ZÉLIDIE.
Vous ignorez les maux dont le sort nous accable.
Jugez quelles sont ses rigueurs :
Je vous vois, je vous parle, & je verse des pleurs.

ZAÏS.
Que dois-je craindre, ô ciel !…

ZÉLIDIE.
Un rival redoutable.
S’il vous surprenait… je frémis !…
Comptez sur mon amour, & fuyez cher Zaïs.

ZAÏS.
Moi vous fuir !… Quel ordre funeste !

ZÉLIDIE.
Je tremble… éloignez-vous Zaïs de ce Palais…

Fuyez…* prenez ces fleurs, ne les quittez jamais.
Puissent-elles sauver le seul bien qui me reste !

(* Zélidie donne à Zaïs le bouquet enchanté, qu’elle a reçu de Cindor, & l’entraîne hors du Théâtre.)

FIN DU SECOND ACTE

 

ACTE TROISIEME.

Le Théâtre représente le palais de Zaïs.

SCÈNE PREMIÈRE.

CINDOR, ZAÏS en Berger, un bandeau de pierreries à la main.

CINDOR.
Vous êtes obéi… par des alarmes vaines
J’ai troublé son esprit, sans fléchir ses rigueurs.
Elle croit, qu’ébloui du pouvoir de ces fleurs
Son Berger forme d’autres chaînes,
Et lorsque tout aigrit ses peines,
Elle adore l’ingrat qui fait couler ses pleurs.

ZAÏS.
Aux plaisirs que je sens, à ces transports flatteurs
Je reconnais ma flamme, & le Dieu qui m’inspire.
Vole, enchante mon cœur espoir délicieux,
Viens peindre à mes désirs le bonheur où j’aspire
Sur l’objet de mes tendres feux
J’aurais toujours le même empire,
Rien ne partagerait ses vœux,
Mon amour pourrait lui suffire !
Vole, enchante mon cœur espoir délicieux,
Viens peindre à mes désirs le bonheur où j’aspire.

CINDOR.
Qu’attendez-vous ? soyez heureux,
Pour vous aujourd’hui tout conspire.

ZAÏS.
Ah ! Mon bonheur dépend du plus tendre retour.
Un cœur fier quelquefois résiste au rang suprême,
Et cède sans peine à l’amour…
Je veux voir Zélidie, & l’éprouver moi-même.
Par un charme puissant, à ses yeux désormais,
Ce bandeau merveilleux va m’offrir sous tes traits.

CINDOR.
Ménagez un cœur qui vous aime,
Ou craignez de justes revers.
Quand on sent le poids de ses fers,
On goûte à les briser une douceur extrême.

ZAÏS.
Naissez par mes enchantements,
Naissez aimables fleurs, agréable verdure.
Qu’aussi rapide que les vents
L’onde s’élance, brille, & retombe plus pure.
Que les trésors de l’art & ceux de la nature
S’ouvre à mes commandements.

(Le Théâtre change, & représente des Jardins enchantés. On y voit des jets d’eau, des cascades &c.)

ZAÏS.
Un charme va guider la beauté qui m’engage
Dans ces jardins délicieux.
Sous mille traits riants mes peuples dans leurs jeux
Vont lui peindre l’amour volage.
Puisse-t-il, comme à moi, lui paraître odieux !

(Ils sortent.)

 

SCÈNE II.

ZÉLIDIE seule.
Coulez mes pleurs, l’ingrat que j’aime
Trahit ma flamme & ses serments.
Cruel Amour, dans les premiers moments,
De tes nœuds, le charme est extrême ;
Mais bientôt pour changer leurs douceurs en tourments
Tu te sers de nos bienfaits même.
Coulez mes pleurs, l’ingrat que j’aime
Trahit ma flamme & mes serments.

 

SCÈNE III.

ZÉLIDIE, Chœur qu’on entend & qu’on ne voit point.

CHŒUR derrière le théâtre.
Célébrons la victoire
D’un heureux Berger
Son cœur, au plaisir de changer,
Unit encore les charmes de sa gloire.

ZÉLIDIE.
Cruel, dans ce fatal séjour
Tu perds le souvenir de tes premières chaînes.
Pourquoi ne puis-je hélas t’oublier à mon tour !
Ici redouble mes peines,
Et rien n’affaiblit mon amour.

 

SCÈNE IV.

ZÉLIDIE, SYLPHES & SYLPHIDES,

CHŒUR DES SYLPHIDES / ZÉLIDIE.
Que Zaïs est heureux ! / Quel tourment rigoureux !
Une immortelle / Une infidèle
Partage ses feux / Forme d’autres nœuds

CHŒUR DES SYLPHES / ZÉLIDIE.
Sa flamme nouvelle / Sa flamme nouvelle
Va l’égaler aux Dieux. / N’éteindra pas mes feux.

TOUS / ZÉLIDIE.
Que Zaïs est heureux ! / Quel tourment rigoureux !
Une immortelle / Un infidèle
Partage ses feux / Doit-il être heureux.

BALLET FIGURÉ.
Il peint la légèreté et l’inconstance.

UNE SYLPHIDE, alternativement avec le Chœur.
Aimons, jouissons de la vie ;
Mais ne portons que des fers glorieux.
C’est la chaîne qui nous lie
Qui fixe sur nous tous les yeux,
Et selon l’objet de nos feux
L’Amour est sagesse ou folie.

Aimons, &c.

UN SYLPHE.
Dans vos feux prenez pour modèle
Les volages zéphyrs ;
Variés comme eux vos plaisirs :
Volez de belle en belle.

Les pleurs, les peines, les soupirs
Forment les tristes nœuds d’une chaîne fidèle.
Dans vos feux prenez pour modèle
Les volages zéphyrs.

(On danse.)

ZÉLIDIE.
Leurs concerts & leurs jeux aigrissent mes douleurs.

(Aux Sylphes.)

Ayez pitié de ma faiblesse.
Vous déchirez un chœur trop plein de sa tendresse.
Souffrez qu’en liberté je pleure mes malheurs.

SCÈNE V.

ZAÏS, revêtu d’un habit éclatant, & portant sur le front, le bandeau de pierreries qui le fait paraître sous les traits de Cindor. ZÉLIDIE, cour de Zaïs.

ZAÏS dans le fond du Théâtre.
Qu’aux lois de Zélide ici tout obéisse.

(La Cour de Zaïs disparaît.)

 

SCÈNE VI.

ZAÏS cru CINDOR, ZÉLIDIE.

ZÉLIDIE sur le devant du Théâtre.
C’est Cindor… quel nouveau supplice !

ZAÏS cru Cindor.
Cessez de soupirer quand vous pouvez punir :
Ne songez plus qu’à la vengeance.
Je viens, contre un ingrat qui vous ose trahir,
Vous offrir toute ma puissance.

ZÉLIDIE.
Non je n’implore pas un pouvoir odieux.
Que mon destin serait affreux !
Si pour des jours si chers j’avais encore à craindre.
Ah ! Qu’il soit heureux,
Je serai moins à plaindre.

ZAÏS cru Cindor.
On croit aimer toujours l’objet d’un premier choix,
Sa perte est un malheur extrême ;
Mais bientôt le dépit, la fierté, l’amour même
S’arment contre un volage, & détruisent ses droits.

ZÉLIDIE.
Jugez si je l’aimais, je l’adore infidèle.

ZAÏS cru Cindor.
L’amour à vos appas offre des nœuds plus doux :
Formez une chaîne nouvelle.
On doit sentir le prix d’une flamme immortelle,
Quand on sait aimer comme vous.

ZÉLIDIE.
Hélas ! Qu’une âme tendre
Est un cruel présent des dieux !

Un penchant trop flatteur, trop doux pour s’en défendre
L’expose à des maux rigoureux…

Hélas ! Qu’une âme tendre
Est un cruel présent des dieux !

À part le premier vers ZAÏS cru Cindor.
J’oppose à ses regrets une fermeté vaine…
Zélidie !… Eh c’est moi qui cause votre peine ?
J’ai pu vous exposer à ces vives douleurs !…

ZÉLIDIE.
Cruel Cindor ! Sans vous… Mais quel charme m’entraîne !…
Contre lui vainement je cherche des rigueurs,
Mon cœur se refuse à la haine…
Je soupire, & mes yeux se remplissent de pleurs.

ZAÏS cru Cindor.
Qu’entends-je ! Je frémis ! Cindor pourrait lui plaire !

ZÉLIDIE.
D’où peut naître ce changement !…
D’un charme trop fatal je perce le mystère.
Ici tout est enchantement…

(À Zaïs cru Cindor.)

Par une illusion sans doute aussi cruelle
Vous vous flattez d’entraîner mon amant…
Ah ! Zaïs n’est point infidèle
Vous nous trompez tous deux ; je n’en crois que mon cœur.
N’en crois point à ton tour une funeste erreur,
Cher amant ; je te jure une ardeur éternelle.

ZAÏS.
Zélidie arrêtez…

ZÉLIDIE.
Non cruel, je te fuis ;
N’espère pas de me surprendre.
Ose me faire voir Zaïs,
Ce n’est que devant lui que je pourrai t’entendre.

(Elle sort.)

 

SCÈNE VII.

ZAÏS seul.
Amour fut-il jamais une amante si tendre !
Courons terminer ses ennuis.

FIN DU TROISIEME ACTE.

 

 

ACTE QUATRIEME.

Le Théâtre représente un parterre qui joint le palais de Zaïs.

SCÈNE PREMIÈRE.

ZAÏS, ZÉLIDIE, CINDOR, Cour de Zaïs.

Zaïs a quitté le bandeau de pierreries qui le faisait paraître sous les traits de Cindor.

ZÉLIDIE.
Qu’entends-je… ! Quoi Zaïs cette Cour immortelle ?…

ZAÏS.
Va faire son bonheur de prévenir vos vœux.
Vous régnez sur mon cœur, vous régnerez sur elle.
Oui c’est l’Amant le plus fidèle
Que vous rendez le plus heureux.

ZÉLIDIE.
Cruel, vous avez pu douter de ma tendresse !

ZAÏS.
J’assurais votre gloire en éprouvant vos feux ;
L’Amour lui-même…

 ZÉLIDIE.
Hélas !

ZAÏS.
Que votre crainte cesse…

ZÉLIDIE.
Avec cet éclat étranger
A mes yeux, eh ! Pourquoi ne pas toujours paraître ?
Ou pourquoi vous faire connaître
Après avoir su m’engager ?
Mon cœur glacé d’effroi tremble devant un maître,
Et je vous adorais Berger.

ZAÏS.
Devez-vous redouter l’éclat qui m’environne ?
Ne suis-je pas pour vous l’amant le plus soumis ?

ZÉLIDIE.
Je ne voulais que le cœur de Zaïs,
Et cet éclat fatal m’intimide et m’étonne.

Hélas ! Dans ce cruel séjour,
Tout augmente ma défiance.
On y voit toujours l’inconstance
Voler à côté de l’amour.

ZAÏS.
Eh ! Quoi !…

ZÉLIDIE.
Mon cœur ne saurait feindre ;
J’étais heureuse & je ne le suis plus.
Vos feux à quelques soins vont en vain se contraindre :
Le redoutable instant qui les doit voir éteindre
Sera toujours présent à mes sens éperdus.
Inquiète, tremblante, & sans oser me plaindre,
Je passerai mes jours, de trouble combattu,
Peut-être à vous pleurer, ou du moins à vous craindre.
Zaïs, mon cœur ne saurait feindre ;
J’étais heureuse, & je ne le suis plus.

ZAÏS.
Vous n’êtes pas heureuse !… Eh ! Comment puis-je l’être
Si ce que j’aime ne l’est pas !…
Vous ne verriez Zaïs que comme un maître !…
L’oracle est éclairci, vous allez me connaître ;
Vous m’en donnez l’exemple, & je suivrai vos pas.

(Il prend l’anneau mystérieux dans lequel réside toute la puissance des Génies.)

ZAÏS continue.
Appui de mon pouvoir suprême,
Anneau mystérieux, & vous pompeuse cour.
Le véritable amour se suffit à lui-même :
Je vous immole à mon amour.

(Zaïs rompt l’anneau.)

CINDOR.
O ciel ! Quelle faiblesse estrême !

(Il disparaît.)

Le ciel s’obscurcit, le tonnerre éclate, toute la cour de Zaïs disparaît, les jardins & le palais s’abîment. Le théâtre représente un affreux désert.

ZÉLIDIE.
Tous mes sens d’effroi sont saisis.

CHŒUR, de la cour de Zaïs qui disparaît.
Amour ! Funeste amour ! Trop malheureux Zaïs !

 

SCÈNE II.

Le théâtre représente un désert. L’horizon est borné par des rochers escarpés. Un silence profond succède à l’éclat de tonnerre.

ZAÏS, ZÉLIDIE.

ZÉLIDIE.
Hélas ! Que venez-vous faire ?

ZAÏS.
Le sacrifice le plus doux.
Je ne vivrai que pour vous plaire,
Et j’aurai la douceur de mourir avec vous.

ZÉLIDIE.
Quoi ! Pour l’heureuse Zélidie
Vous renoncez au surprême pouvoir.
À vous adorer, à vous voir
Je passerai tous les jours de ma vie !…

Mais Zaïs, que de biens vous immoler pour moi !
C’est un désert, une Bergère
Que votre tendresse préfère,
À la superbe cour où vous donniez la loi.

ZAÏS.
Je vois ici tout ce que j’aime.
Rochers affreux, tristes déserts
Vous devenez aux yeux de mon amour extrême,
Le plus beau lieu de l’univers.
Je vois ici tout ce que j’aime.

ZÉLIDIE.
Cher Zaïs… Quel heureux moment !…
L’excès de mon ravissement
De mes sens m’ôte l’usage.
Cher Zaïs… Quel heureux moment !…
Mon silence est un sentiment,
Et mon cœur vous en dédommage.

ZAÏS.
Ah ! Pour un tendre amant
Ce trouble est le plus doux langage.

ZAÏS, ZÉLIDIE.
Amour jouis de ton ouvrage ;
Triomphe, vois briller tes feux.
Tu fais notre unique partage,
Et sur la terre il est deux cœurs heureux…

(On entend un bruit de symphonie éclatante.)

ZAÏS.
Quel bruit trouble ce silence
Qui régnait dans ces déserts !…

ZÉLIDIE.
Je tremble !… Cher amant vous êtes sans défense.

(Un nuage épais paraît dans le fond du théâtre & le couvre.)

ZAÏS, ZÉLIDIE.
Quel nuage obscurcit les airs !

ZAÏS.
Que vois-je ! Je frémis ! Le nuage s’avance.

ZÉLIDIE.
Votre amour pour les Dieux feraît-il une offense ?
Et ! N’est-ce pas assez des maux que j’ai soufferts.

 

SCÈNE III.

Le nuage s’entrouvre. Oromazès Roi des Génies paraît sur un trône éclatant. Il est entouré des Génies des différents Éléments. La cour de Zaïs est à tes pieds.

OROMAZÈS, ZAÏS, ZÉLIDIE. &c.

ZAÏS.
O ciel ! Oromazès le souverain Génie !

OROMAZÈS.
La terre vous admire & les dieux sont pour vous.
Je viens remplir les vœux du plus puissant de tous
L’amour vous inspirait, l’amour vous justifie.
Zaïs reprends tes droits, toi tendre Zélidie
Sois immortelle comme nous.

La mort doit respecter une si belle vie.

ZAÏS, ZÉLIDIE.
Je ne crains plus pour vous ; que mon sort est heureux !

OROMAZÈS.
Déserts disparaissez, que ces lieux s’embellissent…
Pour les rendre charmants, que les plaisirs s’unissent

À la troupe aimable des jeux.

(Le désert disparaît, & à sa place on voit une campagne agréable.)

OROMAZÈS.
Peuples des éléments célébrez ces beaux nœuds.
Que les mortels leur applaudissent ;
Qu’ils servent de modèle aux dieux.

(Ils disparaissent.)

 

SCÈNE IV.

ZAÏS, ZÉLIDIE, Peuples des Éléments, Cour de Zaïs.

CHŒUR.
De nos concerts que les airs retentissent.
Chantons, chantons de si beaux nœuds.
Que les mortels leur applaudissent ;
Qu’ils servent de modèles aux Dieux !

(On danse.)

(Cindor ramène à Zaïs sa cour. Les autres peuples des Éléments se joignent à elle pour rendre hommage à Zaïs & à Zélidie.)

ZAÏS près le Ballet.
Témoins de mes feux
Accourez Bergers en ces lieux.
Que ma tendresse éclate à vos yeux.

(Les Bergers entrent ici en dansant.)

Bergers heureux,
Au gré de vos vœux,
L’Amour vole sans cesse.
Une aimable allégresse
Change en liens de fleurs vos tendres nœuds.

 

SCÈNE DERNIÈRE.

ZAÏS, ZÉLIDIE, Cour de Zaïs, Bergers & Bergères qui arrivent à la voix de Zaïs.

ZÉLIDIE.
L’innocence est votre partage,
Votre exemple a formé mon cœur,
Et mon bonheur est votre ouvrage.

ZAÏS, ZÉLIDIE aux Bergers.
Témoins de mes feux
C’est vous qui parez ces beaux lieux.
Que ma tendresse éclate à vos yeux.

(Ballet qui se forme entre les peuples des Éléments & les Bergers.)

ZAÏS, ZÉLIDIE.
Transports ravissants de ma flamme
Charmez l’aimable objet qui m’enchante à son tour :
De mon cœur volez dans son âme,
Qu’elle s’enflamme
Aux feux de mon amour.

(On danse.)

Une contredanse générale finit le Ballet.

FIN DU BALLET.