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Créé
le 25 novembre 1745 à Versailles, théâtre de la Grande-Ecurie,
pour célébrer la victoire de Fontenoy.
Une partition de la version versaillaise, que l'on croyait
perdue, a été découverte à la Music Library de Berkeley. Elle
est reliée à un exemplaire du livret édité pour les représentations
données à Versailles.
La
pièce a été reprise, très remaniée, à l'Académie royale de
musique, en 1746.
La
version en un prologue et trois actes :
Prologue : La Caverne de l'envie au fond du temple de la Gloire.
Premier acte : Bélus. Le Bocage des Muses. On aperçoit le
temple de la Gloire.
Deuxième acte : Bacchus. Même lieu.
Troisième acte : Trajan. Une place de la ville d'Artaxabe
|
PERSONNAGES
PERSONNAGES
CHANTANTS
DANS
TOUS LES CHOEURS.
Côté
du Roi.
HUIT FEMMES ET SEIZE HOMME
Côté
de la Reine.
HUIT FEMMES ET SEIZE HOMMES.
MUSETTES, HAUTBOIS, BASSONS.
PERSONNAGES
CHANTANTS
AU PREMIER
ACTE.
L'ENVIE.
APOLLON.
LES NEUF MUSES.
DEMONS de la suite de l'Envie.
DEMI-DIEUX ET HEROS de la suite d'Apollon.
PERSONNAGES
DANSANTS
AU PREMIER
ACTE.
HUIT DEMONS.
SEPT HEROS.
LES NEUF MUSES.
PERSONNAGES
CHANTANTS
AU DEUXIEME
ACTE.
LIDIE.
ARSINE, confidente de Lidie.
BERGERS ET BERGERES.
UNE BERGERE.
UN BERGER.
UN AUTRE BERGER.
BELUS.
ROIS CAPTIFS ET SOLDATS de la suite de Bélus.
APOLLON.
LES NEUF MUSES.
PERSONNAGES
DANSANTS
AU DEUXIEME
ACTE.
BERGERS
ET BERGERES.
PERSONNAGES
CHANTANTS
AU TROISIEME
ACTE.
LE
GRAND PRETRE DE LA GLOIRE.
UNE PRETRESSE.
CHOEUR de prêtres et de prêtresses de la Gloire.
UN GUERRIER, suivant de Bacchus.
UNE BACCHANTE.
BACCHUS.
ERIGONE.
GUERRIERS, EGYPANS, BACCHANTES, ET SATYRES de la suite de Bacchus.
PERSONNAGES
DANSANTS
AU TROISIEME
ACTE.
PREMIER
DIVERTISSEMENT.
CINQ
PRETRESSES DE LA GLOIRE.
QUATRE HEROS.
DEUXIEME
DIVERTISSEMENT.
NEUF
BACCHANTES.
SIX EGYPANS.
HUIT SATYRES.
PERSONNAGES
CHANTANTS
AU QUATRIEME
ACTE.
PLAUTINE.
JUNIE & FANIE, confidentes de Plautine.
PRETRES DE MARS ET PRETRESSES DE VENUS.
TRAJAN.
GUERRIERS de la suite de Trajan.
ROMAINS & ROMAINES.
LA GLOIRE.
SUIVANTS DE LA GLOIRE.
PERSONNAGES
DANSANTS
AU QUATRIEME
ACTE.
PREMIER
DIVERTISSEMENT.
QUATRE PRETRES DE MARS.
CINQ PRETRESSES DE MARS.
SECOND
DIVERTISSEMENT.
SUIVANTS
DE LA GLOIRE, cinq hommes et quatre femmes.
PERSONNAGES
CHANTANTS
AU CINQUIEME
ACTE.
UNE
ROMAINE.
UNE BERGERE.
BERGERS ET BERGERES.
UN ROMAIN.
JEUNES ROMAINS ET ROMAINES.
Tous les personnages du quatrième acte.
PERSONNAGES
DANSANTS
AU CINQUIEME
ACTE.
ROMAINS
ET ROMAINES de différents états.
PREMIERE
QUADRILLE.
TROIS HOMMES ET DEUX FEMMES.
DEUXIEME
QUADRILLE.
TROIS
HOMMES ET DEUX FEMMES.
TROISIEME
QUADRILLE.
TROIS FEMMES ET DEUX HOMMES.
QUATRIEME QUADRILLE.
TROIS
FEMMES ET DEUX HOMMES.

|
LE
TEMPLE DE LA GLOIRE
ACTE
PREMIER
(Le
théâtre représente la caverne de l'Envie. On voit à travers
les ouvertures de la caverne une partie du Temple de la Gloire,
qui est dans le fond, et les berceaux des Muses, qui sont sur
les ailes.)
L'ENVIE
ET SES SUIVANTS, une torche à la main.
L'ENVIE.
Profonds abîmes du Ténare,
Nuit affreuse, éternelle nuit,
Dieux de l'oubli, dieux du Tartare,
Eclipsez le jour qui me luit ;
Démons, apportez-moi votre secours barbare
Contre le dieu qui me poursuit.
Les
Muses et la Gloire ont élevé leur temple
Dans ces paisibles lieux :
Qu'avec horreur je les contemple !
Que leur éclat blesse mes yeux !
Profonds abîmes du Ténare,
Dieux de l'oubli, dieux du Tartare,
Eclipsez le jour qui me luit ;
Démons, apportez-moi votre secours barbare
Contre le dieu qui me poursuit.
SUITE
DE L'ENVIE.
Notre gloire est de détruire,
Notre sort est de nuire ;
Nous allons renverser ces affreux monuments ;
Nos coups redoutables
Sont plus inévitables
Que les traits de la Mort et le pouvoir du Temps.
L'ENVIE.
Hâtez-vous, vengez mon outrage ;
Des Muses que je hais embrasez le bocage ;
Ecrasez sous ces fondements
Et la Gloire et son temple, et ses heureux enfants,
Que je hais encore davantage.
Démons, ennemis des vivants,
Donnez ce spectacle à ma rage.
(Les
Suivants de l'Envie dansent et forment un ballet figuré ;
un héros vient au milieu de ces furies, étonnées à son approche ;
il se voit interrompu par les suivants de l'Envie, qui veulent
en vain l'effrayer.)
APOLLON
entre, suivi des Muses, de demi-dieux et de héros.
APOLLON.
Arrêtez, monstres furieux.
Fuis mes traits, crains mes feux, implacable furie.
L'ENVIE.
Non, ni les mortels ni les dieux
Ne pourront désarmer l'Envie.
APOLLON.
Oses-tu suivre encor mes pas ?
Oses-tu soutenir l'éclat de ma lumière ?
L'ENVIE.
Je troublerai plus de climats
Que tu n'en vois dans ta carrière.
APOLLON.
Muses et demi-dieux, vengez-moi, vengez-vous.
(Les
héros et les demi-dieux saisissent l'Envie.)
L'ENVIE.
Non, c'est en vain que l'on m'arrête.
APOLLON.
Etouffez ces serpents qui sifflent sur sa tête.
L'ENVIE.
Ils renaîtront cent fois pour servir mon courroux.
APOLLON.
Le ciel ne permet pas que ce monstre périsse ;
Il est immortel comme nous ;
Qu'il souffre un éternel supplice ;
Que du bonheur du monde il soir infortuné ;
Qu'auprès de la Gloire il gémisse,
Qu'à son trône il soit enchaîné.
(L'antre
de l'Envie s'ouvre et laisse voir le temple de la Gloire ;
on l'enchaîne au pied du trône de cette déesse.)
CHOEUR
DES MUSES ET DEMI-DIEUX.
Ce monstre toujours terrible
Sera toujours abattu :
Les Arts, la Gloire, la Vertu.
Nourriront sa rage inflexible.
APOLLON,
aux Muses.
Vous, entre sa caverne horrible
Et ce temple où la Gloire appelle les grands coeurs,
Chantez, filles des dieux, sur ce coteau paisible.
La Gloire et les Muses sont soeurs.
(La
caverne de l'Envie achève de disparaître. On voit les deux coteaux
du Parnasse ; des berceaux ornés de guirlandes de fleurs sont
à mi-côte, et le fond du théâtre est composé de trois arcades
de verdure, à travers lesquelles on voit le temple de la Gloire
dans le lointain.)
APOLLON
continue.
Pénétrez les humains de vos divines flammes :
Charmez, instruisez l'univers ;
Régnez, répandez dans les âmes
La douceur de vos concerts.
Pénétrez les humains de vos divines flammes ;
Charmez, instruisez l'univers.
(Danse
des Muses et des héros.)
CHOEUR
DES MUSES.
Nous calmons les alarmes,
Nous chantons, nous donnons la paix ;
Mais tous les coeurs ne sont pas faits
Pour sentir le prix de nos charmes.
UNE
MUSE.
Qu'à nos lois à jamais dociles,
Dans nos champs nos tendres pasteurs,
Toujours simples, toujours tranquilles,
Ne cherchent point d'autres honneurs ;
Que quelquefois, loin des grandeurs,
Les rois viennent dans nos asiles.
CHOEUR
DES MUSES.
Nous
calmons les alarmes,
Nous chantons, nous donnons la paix ;
Mais tous les coeurs ne sont pas faits
Pour sentir le prix de nos charmes.
FIN
DU PREMIER ACTE.

|
ACTE
DEUXIEME.
(Le
théâtre représente le bocage des Muses. Les deux côtés
du théâtre sont formés des deux collines du Parnasse ;
des berceaux entrelacés de lauriers et de fleurs règnent
sur le penchant des collines ; au-dessous sont des grottes
percées à jour, ornées comme les berceaux, dans lesquelles sont
des bergers et bergères. Le fond est composé de trois grands
berceaux en architecture.)
LIDIE,
ARCINE, BERGERS, BERGERES.
LIDIE.
Oui, parmi ces bergers aux Muses consacrés,
Loin d'un tyran superbe et d'un amant volage,
Je trouverai la paix, je calmerai l'orage
Qui trouble mes sens déchirés.
ARSINE.
Dans ces retraites paisibles
Les Muses doivent calmer
Les coeurs purs, les coeurs sensibles,
Que la cour peut opprimer.
Cependant vous pleurer ; votre oeil en vain contemple
Ces bois, ces nymphes, ces pasteurs ;
De leur tranquillité suivez l'heureux exemple.
LIDIE.
La Gloire a vers ces lieux fait élever son temple :
La honte habite dans nos coeurs.
La Gloire en ce jour même, au plus grand roi du monde.
Doit donner de ses mains un laurier immortel :
Bélus va l'obtenir.
ARSINE.
Votre douleur profonde
Redouble à ce nom si cruel.
LIDIE.
Bélus va triompher de l'Asie enchaînée ;
Mon coeur et mes Etats sont au rang des vaincus.
L'ingrat me promettait un brillant hyménée :
Il me trompait ; du moins il ne me trompe plus,
Il me laisse. Je meurs, et meurs abandonnée.
ARSINE.
Il a trahi vingt rois ; il trahit vos appas :
Il ne connaît qu'une aveugle puissance.
LIDIE.
Mais vers la Gloire il adresse ses pas :
Pourra-t-il sans rougir soutenir ma présence ?
ARSINE.
Les tyrans ne rougissent pas.
LIDIE.
Quoi ! tant de barbarie avec tant de vaillance !
O Muses ! soyez mon appui ;
Secourez-moi contre moi-même ;
Ne permettez pas que j'aime
Un roi qui n'aime que lui.
(Les
bergers et bergères consacrés aux Muses sortent des antres du
Parnasse, au son des instruments champêtres.)
LIDIE, aux bergers.
Venez, tendres bergers, vous qui plaignez mes larmes,
Mortels heureux, des Muses inspirés,
Dans mon coeur agité répandez tous les charmes
De la paix que vous célébrez.
LES
BERGERS EN CHOEUR.
Oserons-nous chanter sur nos faibles musettes,
Lorsque les horribles trompettes
Ont épouvanté les échos ?
UNE
BERGERE.
Que veulent donc tous ces héros ?
Pourquoi troublent-ils nos retraites ?
LIDIE.
Au temple de la Gloire ils cherchent le bonheur.
LES
BERGERS.
Il est aux lieux où vous êtes ;
Il est au fond de notre coeur.
UN
BERGER.
Vers ce temple où la mémoire
Consacre les noms fameux,
Nous ne levons point nos yeux ;
Les bergers sont assez heureux
Pour voir au moins que la Gloire
N'est point faite pour eux.
(On
entend un bruit de timbales et de trompettes.)
CHOEUR
DE GUERRIERS, qu'on ne voit pas encore.
La guerre sanglante,
La mort, l'épouvante,
Signalent nos fureurs :
Livrons-nous un passage,
A travers le carnage,
Au faîte des grandeurs.
PETIT CHOEUR DE BERGERS.
Quels sons affreux, quel bruit sauvage !
O Muses ! Protégez nos fortunés climats.
UN
BERGER.
O Gloire, dont le nom semble avoir tant d'appas,
Serait-ce là votre langage ?
BELUS
paraît sous le berceau du milieu, entouré de ses guerriers ;
il est sur un trône porté par huit rois enchaînés.
BELUS.
Rois, qui portez mon trône, esclaves couronnés,
Que j'ai daigné choisir pour orner ma victoire,
Allez, allez m'ouvrir le temple de la Gloire ;
Préparez les honneurs qui me sont destinés.
(Il
descend et continue.)
Je
veux que votre orgueil seconde
Les soins de ma grandeur ;
La Gloire, en m'élevant au premier rang du monde.
Honore assez votre malheur.
(Sa
suite sort.)
(On
entend une musique douce.)
Mais
quels accents pleins de mollesse
Offensent mon oreille et révoltent mon coeur ?
LIDIE.
L'humanité, grands dieux ! est-elle une faiblesse ?
Parjure amant, cruel vainqueur,
Mes cris te poursuivront sans cesse.
BELUS.
Vos plaintes et vos cris ne peuvent m'arrêter :
La Gloire loin de vous m'appelle ;
Si je pouvais vous écouter,
Je deviendrais indigne d'elle.
LIDIE.
Non, la Gloire n'est point barbare et sans pitié ;
Non, tu te fais des dieux à toi-même semblables ;
A leurs autels tu n'as sacrifié
Que les pleurs et le sang des mortels misérables.
BELUS.
Ne condamnez point mes exploits ;
Quand on se veut rendre le maître,
On est malgré soi quelquefois
Plus cruel qu'on ne voudrait être.
LIDIE.
Que je hais tes exploits heureux !
Que le sort t'a changé ! que ta grandeur t'égare !
Peut-être es-tu né généreux ;
Ton bonheur t'a rendu barbare.
BELUS.
Je suis né pour dompter, pour changer l'univers :
Le faible oiseau, dans un bocage,
Fait entendre ses doux concerts ;
L'aigle qui vole en haut des airs
Porte la foudre et le ravage.
Cessez de m'arrêter par vos murmures vains,
Et laissez-moi remplir mes augustes destins.
(Bélus
sort pour aller au temple.)
LIDIE.
O Muses, puissantes déesses !
De cet ambitieux fléchissez la fierté ;
Secourez-moi contre sa cruauté,
Ou du moins contre mes faiblesses.
APOLLON
ET LES MUSES
descendant dans un char qui repose par les deux bouts sur les
collines du Parnasse.
(Elles
chantent en choeur.)
Nous
adoucissons
Par nos arts aimables
Les coeurs impitoyables,
Ou nous les punissons.
APOLLON.
Bergers, qui dans ces bocages
Apprîtes nos chants divins,
Vous calmez les monstres sauvages ;
Fléchissez les cruels humains.
(Les
bergers dansent.)
APOLLON.
Vole, Amour, dieu des dieux, embellis mon empire ;
Désarme la guerre en fureur :
D'un regard, d'un mot, d'un sourire,
Tu calmes le trouble et l'horreur ;
Tu peux changer un coeur,
Je ne peux que l'instruire.
Vole, Amour, dieu des dieux, embellis mon empire ;
Désarme la guerre en fureur.
BELUS
rentre, suivi de ses guerriers.
Quoi ! ce temple pour moi ne s'ouvre point encore !
Quoi ! cette Gloire que j'adore
Près de ces lieux prépara mes autels ;
Et je ne vois que de faibles mortels,
Et de faibles dieux que j'ignore.
CHOEUR
DES BERGERS.
C'est assez vous faire craindre ;
Faites-vous enfin chérir :
Ah ! qu'un grand coeur est à plaindre
Quand rien ne peut l'attendrir !
UNE
BERGERE.
D'une beauté tendre et soumise
Si tu trahis les appas,
Cruel vainqueur, n'espère pas
Que la Gloire te favorise.
UN BERGER.
Quoi ! vers la Gloire il a porté ses pas,
Et son coeur serait infidèle ?
Ah ! parmi nous une honte éternelle
Est le supplice des ingrats.
BELUS.
Qu'entends-je ? il est au monde un peuple qui m'offense !
Quelle est la faible voix qui murmure en ces lieux
Quand la terre tremble en silence ?
Soldat, délivrez-moi de ce peuple odieux.
LE
CHOEUR DES MUSES.
Arrêtez ; respectez les dieux
Qui protègent l'innocence.
BELUS.
Des dieux ! oseraient-ils suspendre ma vengeance ?
APOLLON
ET LES MUSES.
Ciel, couvrez-vous de feu ; tonnerres, éclatez :
Tremble, fuis les dieux irrités.
(On
entend le tonnerre, et des éclairs partent du char où sont les
Muses avec Apollon.)
APOLLON.
Loin du temple de la Gloire,
Cours au palais de la Fureur :
On gardera de toi l'éternelle mémoire
Avec une éternelle horreur.
LE
CHOEUR D'APOLLON ET DES MUSES.
Coeur implacable,
Apprends à trembler ;
La mort te suit, la mort doit immoler
Ce fortuné coupable.
Coeur implacable,
Apprends à trembler.
BELUS.
Non, je ne tremble point ; je brave le tonnerre ;
Je méprise ce temple, et je hais les humains ;
J'embraserai de mes puissantes mains
Les tristes restes de la terre.
CHOEUR.
Coeur implacable,
Apprends à trembler ;
La mort te suit, la mort doit immoler
Ce fortuné coupable.
Coeur implacable,
Apprends à trembler.
APOLLON
ET SES MUSES à Lidie.
Toi qui gémis d'un amour déplorable,
Eteins ses feux, brise ses traits ;
Goûte par nos bienfaits
Un calme inaltérable.
(Les
bergers et les bergères emmènent Lidie).
FIN
DU DEUXIEME ACTE.

|
ACTE
TROISIEME.
(Le
théâtre représente l'avenue et le frontispice du temple de la
Gloire. Le trône que la Gloire a préparé pour celui qu'elle
doit nommer le plus grand des hommes est vu dans l'arrière-théâtre ;
il est supporté par des Vertus, et l'on y monte par plusieurs
degrés.)
LE
GRAND PRETRE DE LA GLOIRE, couronné de lauriers, une palme à
la main, entouré des prêtres et des prêtresses de la Gloire.
UNE
PRETRESSE.
Gloire enchanteresse,
Superbe maîtresse
Des rois, des vainqueurs ;
L'ardente jeunesse,
La froide vieillesse,
Briguent tes faveurs.
LE
CHOEUR.
Gloire enchanteresse, etc.
LA
PRETRESSE.
Le prétendu sage
Croit avoir brisé
Ton noble esclavage :
Il s'est abusé ;
C'est un amant méprisé :
Son dépit est un hommage.
LE
GRAND PRETRE.
Déesse des héros, du vrai sage, des rois,
Source noble et féconde
Et des vertus et des exploits.
O Gloire ! c'est ici que ta puissante voix
Doit nommer par un juste choix
Le premier des maîtres du monde.
Venez, volez, accourez tous,
Arbitres de la paix, et foudres de la guerre,
Vous qui domptez, vous qui calmez la terre,
Nous allons couronner le plus digne de vous.
(Danse
de héros, avec les prêtresses de la Gloire.)
LES
SUIVANTS DE BACCHUS arrivent avec des bacchantes et des ménades,
couronnés de lierre, le thyrse à la main.
UN
GUERRIER, suivant de Bacchus.
Bacchus est en tous lieux notre guide invincible
Ce héros fier et bienfaisant
Est toujours aimable et terrible :
Préparez le prix qui l'attend.
UNE
BACCHANTE ET LE CHOEUR.
Le dieu des plaisirs va paraître ;
Nous annonçons notre maître ;
Ses douces fureurs
Dévorent nos coeurs.
(Pendant
ce choeur, les prêtres de la Gloire rentrent dans le temple,
dont les portes se ferment.)
LE
GUERRIER.
Les tigres enchaînés conduisent sur la terre
Erigone et Bacchus ;
Les victorieux, les vaincus,
Tous les dieux des plaisirs, tous les dieux de la guerre,
Marchent ensemble confondus.
(On
entend le bruit des trompettes, des hautbois, et des flûtes,
alternativement.)
LA
BACCHANTE.
Je vois la tendre Volupté
Sur le char sanglant de Bellone :
Je vois l'Amour qui couronne
La Valeur et la Beauté.
(Bacchus
et Erigone paraissent sur un char traîné par des tigres, entouré
de guerriers, de bacchantes, d'égypans et de satyres.)
BACCHUS.
Erigone, objet plein de charmes,
Objet de ma brûlante ardeur,
Je n'ai point inventé dans les horreurs des armes
Ce nectar des humains, nécessaire au bonheur,
Pour consoler la terre et pour sécher ses larmes ;
C'était pour enflammer ton coeur.
Bannissons la raison de nos brillantes fêtes :
Non, je ne la connus jamais
Dans mes plaisirs dans mes conquêtes :
Non, je t'adore, et je la hais.
Bannissons la raison de nos brillantes fêtes.
ERIGONE.
Conservez-la plutôt pour augmenter vos feux ;
Bannissez seulement le bruit et le ravage :
Si par vous le monde est heureux,
Je vous aimerai davantage.
BACCHUS.
Les faibles sentiments offensent mon amour ;
Je veux qu'une éternelle ivresse
De gloire, de grandeur, de plaisirs, de tendresse,
Règne sur mes sens tour à tour.
ERIGONE.
Vous alarmez mon coeur ; il tremble de se rendre ;
De vos emportements, il est épouvanté :
Il serait plus transporté,
Si le vôtre était plus tendre.
BACCHUS.
Partagez mes transports divins ;
Sur mon char de victoire, au sein de la mollesse,
Rendez le ciel jaloux ; enchaînez les humains :
Un dieu plus fort que moi nous entraîne et nous presse.
Que le thyrse règne toujours
Dans les plaisirs et dans la guerre ;
Qu'il tienne lieu du tonnerre,
Et des flèches des Amours.
LE
CHOEUR.
Que le thyrse règne toujours
Dans les plaisirs et dans la guerre ;
Qu'il tienne lieu du tonnerre,
Et des flèches des Amours.
ERIGONE.
Quel dieu de mon âme s'empare !
Quel désordre impétueux !
Il trouble mon coeur, il l'égare :
L'amour seul rendrait plus heureux.
BACCHUS.
Mais quel est dans ces lieux ce temple solitaire
A quels dieux est-il consacré ?
Je suis vainqueur, j'ai su vous plaire :
Si Bacchus est connu, Bacchus est adoré.
UN
DES SUIVANTS DE BACCHUS.
La Gloire est en ces lieux le seul dieu qu'on adore ;
Elle doit aujourd'hui placer sur ses autels
Le plus auguste des mortels.
Le vainqueur bienfaisant des peuples de l'aurore
Aura ces honneurs solennels.
ERIGONE.
Un si brillant hommage
Ne se refuse pas.
L'Amour seul me guidait sur cet heureux rivage ;
Mais on peut détourner ses pas
Quand la Gloire est sur le passage.
(Ensemble.)
La
Gloire est une vaine erreur ;
Mais avec vous, c'est le bonheur suprême :
C'est vous que j'aime,
C'est vous qui remplissez mon coeur.
BACCHUS.
Le temple s'ouvre,
La Gloire se découvre.
L'objet de mon ardeur y sera couronné ;
Suivez-moi.
(Le
temple de la Gloire paraît ouvert.)
LE
GRAND PRETRE DE LA GLOIRE.
Téméraire, arrête ;
Ce laurier serait profané
S'il avait couronné ta tête.
Bacchus, qu'on célèbre en tous lieux,
N'a point ici la préférence ;
Il est une vaste distance
Entre les noms connus et les noms glorieux.
ERIGONE.
Eh quoi ! des ses présents la Gloire est-elle avare
Pour ses brillants favoris ?
BACCHUS.
J'ai versé des bienfaits sur l'univers soumis.
Pour qui sont ces lauriers que votre main prépare ?
LE
GRAND PRETRE.
Pour des vertus d'un plus haut prix.
Contentez-vous, Bacchus de régner dans vos fêtes,
D'y noyer tous les maux que vos fureurs ont faits.
Laissez-nous couronner de plus belles conquêtes
Et de plus grands bienfaits.
BACCHUS.
Peuple vain, peuple fier, enfant de la tristesse,
Vous ne méritez pas des dons si précieux.
Bacchus vous abandonne à la froide sagesse ;
Il ne saurait vous punir mieux.
Volez ; suivez-moi, troupe aimable,
Venez embellir d'autres lieux.
Par la main des Plaisirs, des Amours, et des Jeux,
Versez ce nectar délectable,
Vainqueur des mortels et des dieux ;
Volez, suivez-moi, troupe aimable,
Venez embellir d'autres lieux.
BACCHUS
ET ERIGONE.
Parcourons la terre,
Au gré de nos désirs,
Du temple de la Guerre
Au temple des Plaisirs.
(On
danse.)
UNE
BACCHANTE, avec le choeur.
Bacchus, fier et doux vainqueur,
Conduis mes pas, règne en mon coeur ;
La Gloire promet le bonheur,
Et c'est Bacchus qui nous le donne.
Raison, tu n'es point trompeur,
Mon âme à toi s'abandonne.
Bacchus, fier et doux vainqueur, etc.
FIN
DU TROISIEME ACTE

|
ACTE
QUATRIEME
(Le
théâtre représente la ville d'Artaxate à demi ruinée, au milieu
de laquelle est une place publique ornée d'arcs de triomphe
chargés de trophées.)
PLAUTINE,
JUNIE, FANIE.
PLAUTINE.
Reviens, divin Trajan, vainqueur doux et terrible ;
Le monde est mon rival, tous les coeurs sont à toi ;
Mais est-il un coeur plus sensible
Et qui t'adore plus que moi ?
Les Parthes sont tombés sous ta main foudroyante :
Tu punis, tu venges les rois,
Rome est heureuse et triomphante ;
Tes bienfaits passent tes exploits.
Reviens, divin Trajan, vainqueur doux et terrible ;
Le monde est mon rival, tous les coeurs sont à toi ;
Mais est-il un coeur plus sensible
Et qui t'adore plus que moi ?
FANIE.
Dans ce climat barbare, au sein de l'Arménie,
Osez-vous affronter les horreurs des combats ?
PLAUTINE.
Nous étions protégés par son puissant génie,
Et l'Amour conduisait mes pas.
JUNIE.
L'Europe reverra son vengeur et son maître ;
Sous ces arcs triomphaux on dit qu'il va paraître.
PLAUTINE.
Ils sont élevés par mes mains.
Quel doux plaisir succède à ma douleur profonde !
Nous allons contempler dans le maître du monde
Le plus aimable des humains.
Nos soldats triomphants, enrichis, pleins de gloire,
Font voler son nom jusqu'aux cieux.
FANIE.
Il se dérobe à leurs chants de victoire ;
Seul, sans pompe, et sans suite, il vient orner ces lieux.
PLAUTINE.
Il faut à des héros vulgaires
La pompe et l'éclat des honneurs ;
Ces vains appuis sont nécessaires
Pour les vaines grandeurs.
Trajan seul est suivi de sa gloire immortelle ;
On croit voir près de lui l'univers à genoux ;
Et c'est pour moi qu'il vient ! ce héros m'est fidèle !
Grands dieux ! vous habitez dans cette âme si belle,
Et je la partage avec vous !
TRAJAN,
PLAUTINE, SUITE.
PLAUTINE,
courant au-devant de Trajan.
Enfin, je vous revois ; le charme de ma vie
M'est rendu pour jamais.
TRAJAN.
Le ciel me vend cher ses bienfaits,
Ma félicité m'est ravie.
Je reviens un moment pour m'arracher à vous,
Pour m'animer d'une vertu nouvelle,
Pour mériter, quand Mars m'appelle,
D'être empereur de Rome, et d'être votre époux.
PLAUTINE.
Que dites-vous ? Quel mot funeste !
Un moment, vous, ô ciel ! un seul moment me reste,
Quand mes jours dépendaient de vous revoir toujours.
TRAJAN.
Le ciel en tous les temps m'accorda son secours ;
Il me rendra bientôt aux charmes que j'adore.
C'est pour vous qu'il fait mon coeur.
Je vous ai vue, et je serai vainqueur.
PLAUTINE.
Quoi ! ne l'êtes-vous pas ? Quoi ? serait-il encore
Un roi que votre main n'aurait pas désarmé ?
Tout n'est-il pas soumis, du couchant à l'aurore ?
L'univers n'est-il pas calmé ?
TRAJAN.
On ose me trahir.
PLAUTINE.
Non, je ne puis vous croire ;
On ne peut vous manquer de foi.
TRAJAN.
Des Parthes terrassés l'inexorable roi
S'irrite de sa chute, et brave ma victoire.
Cinq rois qu'il a séduits sont armés contre moi ;
Ils ont joint l'artifice aux excès de la rage ;
Ils sont au pied de ces remparts ;
Mais j'ai pour moi tous les dieux, les Romains, mon courage,
Et mon amour, et vos regards.
PLAUTINE.
Mes regards vous suivront : je veux que sur ma tête
Le ciel épuise son courroux.
Je ne vous quitte pas ; je braverai leurs coups ;
J'écarterai la mort qu'on vous apprête,
Je mourrai du moins près de vous.
TRAJAN.
Ah ! ne m'accablez point, mon coeur est trop sensible :
Ah ! laissez-moi vous mériter.
Vous m'aimez, il suffit, rien n'est impossible,
Rien ne pourra me résister;
PLAUTINE.
Cruel, puvez-vous m'arrêter ?
J'entends déjà les cris d'un ennemi perfide.
TRAJAN.
J'entends la voix du devoir qui me guide ;
Je vole ; demeurez : la victoire me suit.
Je vole ; attendez tout de mon peuple intrépide,
Et de l'amour qui me conduit.
(Ensemble.)
Je
vais/Allez punir un barbare,
Terrasser sous mes/vos coups
L'ennemi qui nous sépare,
Qui m'arrache un moment à vous.
PLAUTINE.
Il m'abandonne à ma douleur mortelle ;
Cher amant, arrêtez : ah ! détournez les yeux,
Voyez encor les miens.
TRAJAN,
au fond du théâtre.
O dieux, ô justes dieux,
Veillez sur l'empire et sur elle !
PLAUTINE.
Il est déjà loin de ces lieux.
Devoir, es-tu content ? Je meurs, et je l'admire.
Ministres du dieu des combats,
Prêtresses de Vénus, qui veillez sur l'empire,
Percez le ciel de cris, accompagnez mes pas ;
Sercondez l'amour qui m'inspire.
CHOEUR
DES PRETRES DE MARS.
Fier dieu des alarmes,
Protège nos armes,
Conduis nos étendards.
CHOEUR
DES PRETRESSES DE VENUS.
Déesse des grâces,
Vole sur ses traces,
Enchaîne le dieu Mars.
(On
danse.)
CHOEUR
DES PRETRESSES.
Mère de Rome et des amours paisibles,
Viens tout ranger sous ta charmante loi ;
Viens couronner nos Romains invincibles :
Ils sont tous nés pour l'amour et pour toi.
PLAUTINE.
Dieux puissants, protégez votre vivante image !
Vous étiez autrefois des mortels comme lui ;
C'est pour avoir régné comme il règne aujourd'hui
Que le ciel est votre partage.
(On
danse.)
(On
entend un choeur de Romains qui avancent lentement sur le théâtre.)
Charmant
héros, qui pourra croire
Des exploits si prompts et si grands ?
Tu te fais en peu de temps
La plus durable mémoire.
JUNIE.
Entendez-vous ces cris et ces chants de victoire ?
FANIE.
Trajan revient vainqueur.
PLAUTINE.
En pouviez-vous douter ?
Je vois ces rois captifs, ornements de sa gloire ;
Il vient de les combattre, il vient de les dompter.
JUNIE.
Avant de les punir par ses lois légitimes,
Avant de frapper ses victimes,
A vos genoux il veut les présenter.
TRAJAN
paraît, entouré des aigles romaines et de faisceaux ;
les rois vaincus sont enchaînés à sa suite.
TRAJAN.
Rois qui redoutez ma vengeance,
Qui craignez les affronts aux vaincus destinés,
Soyez désormais enchaînés
Par la seule reconnaissance.
Plautine est en ces lieux ; il faut qu'en sa présence
Il ne soit point d'infortunés.
LES
ROIS, se relevant, chantent avec le choeur.
O grandeur ! ô clémence !
Vainqueur égal aux dieux,
Vous avez leur puissance,
Vous pardonnez comme eux.
PLAUTINE.
Vos vertus ont passé mon espérance même ;
Mon coeur est plus touché que celui des rois.
TRAJAN.
Ah ! s'il est des vertus dans ce coeur qui vous aime,
Vous savez à qui je les dois.
J'ai voulu des humains mériter le suffrage,
Dompter les rois, briser leurs fers,
Et vous apporter mon hommage
Avec les voeux de l'univers.
Ciel ! que vois-je en ces lieux ?
(LA
GLOIRE descend d'un vol précipité, une couronne de laurier à
la main.)
LA
GLOIRE.
Tu vois ta récompense,
Le prix de tes exploits, surtout de ta clémence ;
Mon trône est à tes pieds ; tu règnes avec moi.
(Le
théâtre change, et représente le temple de la Gloire.)
Elle
continue :
Plus d'un héros, plus d'un grand roi,
Jaloux en vain de sa mémoire,
Vola toujours après la Gloire.
Et la Gloire vole après toi.
LES
SUIVANTS DE LA GLOIRE, mêlés aux Romains et aux Romaines forment
de danses.
UN
ROMAIN.
Régnez en paix après tant d'orages,
Triomphez dans nos coeurs satisfaits.
Le sort préside aux combats, aux ravages ;
La Gloire est dans les bienfaits.
Tonnerre, écarte-toi de nos heureux rivages ;
Calme heureux, reviens pour jamais.
Régnes en paix. ect.
CHOEUR.
Le ciel nous seconde,
Célébrons son choix :
Exemple des rois,
Délices du monde,
Vivons sous tes lois.
JUNIE.
Tendre Vénus, à qui Rome est soumise,
A nos exploits joins tes tendres appas ;
Ordonne à Mars enchanté dans tes bras
Que pour Trajan sa faveur s'éternise.
LE
CHOEUR.
Le ciel nous seconde,
Célébrons son choix :
Exemple des rois,
Délices du monde,
Vivons sous tes lois.
TRAJAN.
Des honneurs si brillants sont trop pour mon partage ;
Dieux dont j'éprouve la faveur,
Dieux de mon peuple, achevez votre ouvrage ;
Changez ce temple auguste en celui du bonheur ;
Qu'il serve à jamais aux fêtes
Des fortunés humains ;
Qu'il dure autant que les conquêtes
Et que la gloire des Romains.
LA
GLOIRE.
Les dieux ne refusent rien
Au héros qui leur ressemble :
Volez, Plaisirs, que sa vertu rassemble ;
Le temple du Bonheur sera toujours le mien.
FIN
DU QUATRIEME ACTE.

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ACTE
CINQUIEME
(Le
théâtre change, et représente le temple du Bonheur ; il
est formé de pavillons d'une architecture légère, de péristyles,
de jardins, de fontaines, etc. Ce lieu délicieux est rempli
de Romains et de Romaines de tous états.)
CHOEUR
Chantons en ce jour solennel,
Et que la terre nous réponde :
Un mortel, un seul mortel
A fait le bonheur du monde.
(On
danse.)
UNE
ROMAINE.
Tout rang, tout sexe, tous âge
Doit aspirer au bonheur.
LE
CHOEUR.
Tout rang, tout sexe, tous âge
Doit aspirer au bonheur.
LA
ROMAINE.
Le printemps volage,
L'été plein d'ardeur,
L'automne plus sage,
Raison, badinage,
Retraite, grandeur,
Tout rang, tout sexe, tous âge
Doit aspirer au bonheur.
LE
CHOEUR.
Tout rang, etc.
(Des
bergers et des bergères entrent en dansant.)
UNE
BERGERE.
Ici les plus brillantes fleurs
N'effacent point les violettes ;
Les étendards et les houlettes
Sont ornés des mêmes couleurs.
Les chants de nos tendres pasteurs
Se mêlent au bruit des trompettes ;
L'amour anime en ces retraites
Tous les regards et tous les coeurs.
Ici les plus brillantes fleurs
L'effacent point les violettes ;
Les étendards et les houlettes
Sont ornés des mêmes couleurs.
(Les
seigneurs et les dames romaines se joignent en dansant aux bergers
et aux bergères.)
UN
ROMAIN.
Dans un jour si beau,
Il n'est point d'alarmes ;
Mars est sans armes,
L'amour sans bandeau.
LE
CHOEUR.
Dans un jour si beau, etc.
LE
ROMAIN.
La Gloire et les Amours en ces lieux n'ont des ailes
Que pour voler dans nos bras.
La Gloire aux ennemis présentait nos soldats,
Et l'Amour les présente aux belles.
LE
CHOEUR.
Dans un jour si beau,
Il n'est point d'alarmes ;
Mars est sans armes,
L'Amour sans bandeau.
(On
danse.)
TRAJAN
paraît avec PLAUTINE, et tous les Romains se rangent autour
de lui.
CHOEUR.
Toi que la Victoire
Couronne en ce jour,
Ta plus belle gloire
Vient du tendre Amour.
TRAJAN.
O peuple de héros qui m'aimez et que j'aime,
Vous faites mes grandeurs ;
Je veux régner sur vos coeurs,
(Montrant
Plautine.)
Sur
tant d'appas, et sur moi-même.
Montez au haut du ciel, encens que je reçois ;
Retournez vers les dieux, hommages que j'attire :
Dieux, protégez toujours ce formidable empire.
Inspirez toujours tous ses rois.
Montez au haut du ciel, encens que je reçois ;
Retournez vers les dieux, hommages que j'attire.
(Toutes
les différentes troupes recommencent leurs danses autour de
Trajan et de Plautine, et terminent la fête par un ballet général.)
FIN
DU TEMPLE DE LA GLOIRE.

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