Les Pensions de Rameau

Lionel de La Laurencie




"to hide art by very art"
"cacher l'art par l'art même"



 

 



 


 

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Cet article de Lionel de La Laurencie est paru dans le Bulletin de la Société de l'Histoire du Théâtre, mai-juillet, 1908, p. 280.

Réponse à la question posée dans le N° de Novembre-Janvier (1907-1908)(***)

Rameau à reçu, le 4 mai 1745, un brevet de pension de 2000 livres sur le trésor royal (1) et le 10 avril 1757 un autre brevet de 1500 livres sur le produit des représentations de l'Opéra (2).

La date du 10 avril 1750, que nous avons donnée pour cette seconde pension, en publiant l'inventaire de Rameau dans le N° de juin 1907 du Bulletin de la S. I. M., s'accordant mal avec ce que nous savons par ailleurs de la biographie du musicien, nous avions, après des recherches infructueuses dans les archives de l'Opéra, tenté d'expliquer l'anomalie qui en découlait. Or, cette date provient simplement d'une erreur matérielle et doit être remplacée par celle du 10 avril 1757. Ajoutons que le libellé du brevet d'avril 1757 que nous a révélé le dépouillement intégral entrepris par nous de la série O1 des Archives nationales, prouve que le chiffre de la pension donnée à Rameau sur l'Opéra résultait d'une convention intervenue entre les directeurs et lui, et que, par conséquent, Maret semble faire erreur en alléguant que cette pension fut consentie au musicien à l'insu de celui-ci. Voici en effet ce que dit le texte du brevet : "Le Roy estant informé à Versailles de la convention faite entre les Sieurs Rebel et Francœur … et le Sieur Rameau, par laquelle lesdits concessionnaires se seraient obligés… de payer une pension viagère de 1500 livres audit Rameau, à compter du 1er avril de la présente année, sur le produit des représentations de l'Opéra, aux conditions acceptées par ledit Rameau de leur donner la communication entière des ouvrages de musique de sa composition, qui forment son portefeuille, et autres conditions portées par ladite convention."

L. DE LA LAURENCIE.


(***)La question était la suivante :

"MM. Rebel et Francœur, a dit Maret à propos des succès de Rameau à la cour de Versailles, se firent autoriser, en 1747, par le ministère, à l'insu de M. Rameau, pour lui assigner une pension de 1500 livres qui lui a été payée jusqu'à sa mort, indépendamment des honoraires réglés pour la musique des ouvrages nouveaux."
Comme Rameau touchait déjà 2000 livres sur la cassette royale, il paraît singulier que les directeurs de l'Académie de musique se soient imposé une telle obligation, à une époque où la caisse, toujours vide, ne semblait guère capable de supporter des cadeaux de ce genre.
Que sait-on d'exact sur les différentes pensions de Rameau ? (retour)


(1) - Arch. Nat. O1, 89, fe 177 et O1. 634.(retour)
(2) - Arch. Nat. O1, 101, fe 118 et 119.(retour)