Castor & Pollux
Livret de Pierre-Joseph Bernard




 

 



 




"to hide art by very art"
"cacher l'art par l'art même"

 



 

 

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Tragédie représentée pour la première fois par l'Académie Royale de Musique,
Le 24 Octobre 1737,
Reprise le 8 Janvier 1754, le Mardi 24 Janvier 1764,
Et remise au Théâtre le Mardi 21 Janvier 1772.

 

ACTEURS DE LA TRAGÉDIE.

POLLUX..
CASTOR.
TELAIRE.
PHÉBÉ.
JUPITER.
MERCURE.
CLÉONE, Confidente de PHÉBÉ.
LE GRAND PRÊTRE de JUPITER.
Un SPARTIATE.
Une VOIX.
Une autre VOIX.
Un ATHLETE.
Une SUIVANTE d'HÉBÉ.
Une OMBRE HEUREUSE.
SPARTIATES.
GUERRIERS combattants.
PLAISIRS CELESTES.
PUISSANCES MAGIQUES.
DÉMONS.
OMBRES HEUREUSES.
PEUPLES.

PERSONNAGES DANSANTS

Actes Premier.
Spartiates.

Acte Second.
Lutteurs.
Spartiates.

Acte Troisième.
Suite d'Hébé.

Acte Quatrième.
Démons - Furies.
Ombres heureuses

Acte Cinquième.
Génies qui président aux Constellations.
Les Heures.
Constellations.

 

Castor et Pollux
tragédie

ACTE PREMIER

Le Théâtre représente une partie intérieure du Palais des Rois de Sparte.

Scène première.

PHÉBÉ, CLÉONE.

CLÉONE.
L'hymen couronne votre sœur,
Pollux épouse Télaïre ;
Ce pompeux appareil annonce son bonheur ;
Mais j'entends Phébé qui soupire.

PHÉBÉ.
Mon cœur n'est point jaloux d'un sort si glorieux ;
Une autre voix s'y fait entendre :
Ah ! que n'est­il ambitieux !
Peut­être serait­il moins tendre.

Filles du Dieu du jour, par quels présents divers
Le ciel marqua notre partage !
Je reçus le pouvoir d'évoquer les enfers ;
Que Télaïre obtint un plus doux avantage !
Elle commande aux cœurs, où mon art ne peut rien ;

Un coup d'œil lui rend tout possible,
Je ne fais qu'étonner ce qu'elle rend sensible :
Que son pouvoir est au­dessus du mien !

Que l'univers la trouve belle,
Je le pardonne à ses appas;
Mais que I'ingrat Castor m'abandonne pour elle,
Voilà ce que mon cœur ne lui pardonne pas.

CLÉONE.
L'hymen du roi, qui va rompre leur chaîne ;
Doit vous rendre l'espoir de fixer votre amant.

PHÉBÉ.
Elle aura ses regrets, je n'aurai que la peine
D'espérer encor vainement...
Et si le roi cédait aux larmes de son frère
L'objet qui cause son tourment ?
Tu vois ce que je crains, voici ce que j'espère:
Cléone, en ce moment fatal,
Pour venger ma flamme offensée
Je leur garde un autre rival,
Et je puis disposer des fureurs de Lincée.
Son amour, qu'on outrage, est tout près d'éclater ;
Il veut de ce palais enlever Télaïre...
Je la vois : son triomphe augmente mon martyre ;
Songeons à l'éviter.

(Elle sort.)

 

Scène II

TÉLAÏRE, seule.
Eclatez mes justes regrets !
Dans un moment, hélas ! il faudra vous contraindre :
Le ciel m'ôtera désormais
Jusqu'à la douceur de me plaindre.

La gloire unit en vain tout ce qu'elle a d'attraits
Pour un Dieu qui m'adore, & me force à le craindre ;
L'amour a lancé d'autres traits :
Ces honneurs, que je fuis, ne font voir que l'excès
D'un feu, que je ne puis éteindre.

Eclatez, éclatez ! mes justes regrets ;
Le ciel m'ôtera désormais
Jusqu'à la douceur de me plaindre 

 

Scène III.

TÉLAÏRE, CASTOR.

CASTOR.
Ah ! je mourrai content, je revois vos appas.

TÉLAÏRE.
Prince, osez­vous ici me parler de tendresse ?

CASTOR.
On permet nos adieux.

TÉLAÏRE.
Eh ! ne deviez­vous pas
Les épargner à ma faiblesse ?

CASTOR.
Quand j'ai, pour cet adieu, I'aveu de votre époux,
Quand vous m'allez être ravie ;
Cruelle ! me reprochez­vous
Le dernier plaisir de ma vie ?

Mon frère a vu mes pleurs, &, loin de les cacher,
J'ai laissé voir toute ma flamme :
La pitié lui parlait, & semblait le toucher ;
Mais l'amour, plus puissant, l'écartait de son âme.

Achevez son bonheur ; je quitterai ces lieux,
Sans me plaindre de vous, sans accuser mon frère :
Ai-je à me plaindre que des dieux ?

TÉLAÏRE.
Vous partez ?...

CASTOR.
Je m'impose un exil nécessaire.

Dans ces yeux, maîtres de mon sort,
Si j'ai trouvé cent fois la vie ;
Quand l'espérance m'est ravie,
J'y trouverais cent fois la mort.

TÉLAÏRE.
Et le roi permettra cette fuite inhumaine !
Non, son cœur est trop généreux.

CASTOR.
En faisant son bonheur, elle adoucit ma peine :
Vous me plaignez, il m'aime, & je pars trop heureux.

(Pollux, qui les observait, paraît en ce moment.)

 

Scène IV.

POLLUX, TÉLAÏRE, CASTOR.

POLLUX.
Non, demeure Castor ; c'est moi qui te l'ordonne :
L'amour & l'amitié t'en imposent la loi.
Calme l'inquiétude où ton cœur s'abandonne :
Pour te retenir près de moi,
La main qu'on devait à ma foi
Est la chaîne que je te donne.

(Il prend la main de Télaïre, & l'unit à celle de Castor.)

CASTOR.
O bonté, que j'adore !

TÉLAIRE.
O grandeur qui m'étonne !

POLLUX.
Je connais tout ce que je perds ;
Castor à mon amour rendra cette justice :
Il pourra mieux juger du prix du sacrifice :
Par les tourments qu'il a soufferts.

(La Suite du roi & le peuple entrent sur la scène.)

 

Scène V.

POLLUX, TÉLAÏRE, CASTOR,
SPARTIATES.

POLLUX, au peuples.
Ces apprêts m'étaient destinés,
J'en faisais mon bonheur suprême ;
Que leurs fronts soient couronnés
De ces fleurs, qui devaient parer mon diadème :
Des deux objets que j'aime,
Je fais deux amants fortunés.

CHŒUR DE SPARTIATES.
Chantons l'éclatante victoire
D'un héros qui dompte l'amour ;
Si la vertu triomphe en ce beau jour,
L'amour ne perd rien de sa gloire.

(On danse.)

CASTOR.
Quel bonheur règne dans mon âme !
Amour, as­tu jamais
Lancé de si beaux traits ?
Des mains de l'amitié tu couronnes ma flamme :
Amour, as­tu jamais
Lancé de si beaux traits ?

(On danse.)

(La fête est interrompue par un bruit tumultueux.)

 

Scène VI

UN SPARTIATE & les ACTEURS  de la scène précédente.

UN PARTIATE.
Quittez ces jeux, courez aux armes ;
Lincée attaque ce palais :
La jalouse Phébé semble guider ses traits.

LE CHŒUR.
Courons aux armes .

CASTOR &  POLLUX,
en se séparant pour aller combattre aux deux côtés du Théâtre, où l'on entend le bruit des attaques.
Allons dissiper ces alarmes ;
Aux armes, aux armes, aux armes !

TÉLAÏRE, à Castor.
Arrêtez, Castor, Arrêtez !

Les différents CHŒURS, derrière le Théâtre.
Combattons, attaquons ; attaquez, combattez !

UNE VOIX seule.
Enlevons Télaïre.

TÉLAÏRE.
Ah ! quelle fureur les inspire.

CHŒUR, derrière le Théâtre.
Combattons, &c.

 (Après un grand bruit de guerre, Lincée force l'entrée du Palais & paraît à la tête des siens. Castor, qui était sorti du théâtre, rentre pour le combattre ; il est repoussé & tombe, dans les coulisses, sous les coups de Lincée ; pendant le combat, Télaïre, qui veut se jeter dans la mêlée, est retenue par ses femmes. Il se fait alors un profond silence.)

UNE VOIX.
Castor, hélas ! Castor est tombé sous ses coups !

CHŒUR DES SPARTIATES.
O perte irréparable !
O malheur effroyable !

TÉLAIRE, tombant dans les mains de ses suivantes.
Je me meurs !

LE CHŒUR.
Pollux, vengez­nous!

(Le bruit de guerre recommence. Lincée reparaît & traverse la scène, pour enlever Télaïre, qu'il entraîne hors du théâtre. POLLUX vole à sa rencontre, dégage le princesse, & attaque son ennemi.
La troupe de Castor se rallie à celle de Pollux, qui combat Lincée, le poursuit, & le fait tomber sous ses coups.)

FIN DU PREMIER ACTE.

 

ACTE SECOND

Le Théâtre représente le lieu de Sépulture des Rois de Sparte ; au milieu duquel est élevé un tombeau militaire pour les funérailles de Castor : il est éclairé de lampes sépulcrales ; le reste est une forêt sombre, plantée de palmiers & cyprès, où se rassemble le peuple de Sparte. Le commencement de l'acte se passe dans la nuit.

Scène première.

CHŒUR DES SPARTIATES,
 qui arrivent au tombeau avec les marques d'un grand deuil, les armes renversées et garnies de crêpes.
Que tout gémisse,
Que tout s'unisse :
Préparons, élevons d'éternels monuments
Au plus malheureux des amants :
Que jamais notre amour ni son nom ne périsse.
Que tout gémisse.

 

Scène II.

TÉLAÏRE,
dans le plus grand deuil, vient se jeter au pied du Mausolée.
Tristes apprêts, pâles flambeaux,
Jour, plus affreux que les ténèbres,
Astres lugubres des tombeaux,
Non, je ne verrai plus que vos clartés funèbres.

Toi, qui vois mon cœur éperdu,
Père du jour, ô soleil, ô mon père !
Je ne veux plus d'un bien, que Castor a perdu,
Et je renonce à ta lumière.

Tristes apprêts, pâles flambeaux,
Jour, plus affreux que les ténèbres,
Astres lugubres des tombeaux,
Non, je ne verrai plus que vos clartés funèbres.

(Phébé paraît.)

 

Scène III.

PHÉBÉ, TÉLAÏRE.

TÉLAÏRE.
Cruelle, en quels lieux venez­vous ?
Osez­vous insulter encore
Aux mânes d'un héros qui périt par vos coups ?

PHÉBÉ.
Laisse à l'amour, qui me dévore,
Le soin de me punir d'un crime que j'abhorre:
Il m'en dit plus que ton courroux.

Tu pleures l'amant le plus tendre ;
Mais de nous deux encor son destin peut dépendre ;
D'un mot tu peux le rendre au jour.

TÉLAÏRE.
Ordonnez, que faut­il ?

PHÉBÉ.
Immoler ton amour,
Et mon art forcera l'enfer à nous le rendre.

TÉLAIRE.
Oui, je m'en impose la loi.
Qu'il vive, que pour lui votre ardeur se signale !

PHÉBÉ.
Tu le veux ?

TÉLAÏRE.
Hâtez­vous ; je cède à ma rivale
L'amour dont il brûla pour moi.

(On entend une symphonie guerrière & des chants de victoire.)

LE CHŒUR, derrière le théâtre.
Triomphe, vengeance.

TÉLAÏRE.
C'est le roi vainqueur qui s'avance.

PHÉBÉ.
Il a vengé nos maux, il faut les réparer.

(Elle sort.)

(Le jour commence à paraître, & découvre les différents monuments qui sont sur la scène.)

 

Scène IV.

POLLUX, TÉLAÏRE, Troupe de SPARTIATES,  d'ATHLETES & de COMBATTANTS,  portant des trophées, & les dépouilles des ennemis.

POLLUX, aux Peuples.
Peuples, cessez de soupirer !
Non, ce n'est plus des pleurs que ces mânes demandent ;
C'est du sang qu'ils attendent,
Et ce sang fatal a coulé :
 Lincée est immolé.

TOUS LES CHŒURS.
Que l'enfer applaudisse
A ces nouveaux concerts :
Qu'une ombre plaintive en jouisse.
Le cri de la vengeance est le chant des Enfers.

POLLUX, à TÉLAÏRE.
Princesse, une telle victoire
Doit adoucir pour vous l'horreur de ce séjour.

TÉLAÏRE.
La vengeance flatte la gloire ;
Mais ne console pas l'amour.

Prince, un rayon d'espoir à mes yeux se présente :
Le pouvoir de Phébé peut remplir notre attente
Et ravir Castor aux enfers.

POLLUX.
Non c'est en vain qu'elle le tente
Et c'est encore à moi de réunir vos fers.

Aux pieds de Jupiter j'irai me faire entendre :
Le Dieu qui me donna le jour,
A mon frère peut le rendre.
Aux larmes de son fils quelle marque plus tendre
Peut­il donner de son amour ?

TÉLAÏRE.
Ah, prince ! osez tout entreprendre ;
Montrez qu'aux Immortels votre sort est lié :
Jupiter, dans les cieux, est le dieu du tonnerre,
Et Pollux sur la terre,
Sera le dieu de l'amitié.
D'un frère infortuné ressuscitez la cendre,
L'arracher au tombeau, m'empêcher d'y descendre,
Triompher de vos feux, des siens être l'appui,
Le rendre au jour, à ce qu'il aime,
C'est montrer à Jupiter-même
Que vous êtes digne de lui.

POLLUX, aux Peuples.
Reprenez vos chants de victoire,
Que mon triomphe embellisse ces lieux :
Occupez Télaïre & charmez ses beaux yeux
Par le spectacle de ma gloire.

(Il sort.)

(La scène devient plus éclairée, les tombeaux sont couverts de trophées & des dépouilles des ennemis. Marche des combattants. Entrée & combats figurés d'Athlètes & de Gladiateurs.)

UN ATHLETE.
Eclatez, fières trompettes ;
Faites briller dans ces retraites
La gloire de nos héros.

Par des chants de victoire,
Troublons le repos
Des échos.
Qu'ils ne chantent plus que la gloire !

(Des femmes spartiates se mêlent à la fête des guerriers, couronnent les vainqueurs &  forment un divertissement de réjouissance pour célébrer la victoire de Pollux.)

FIN DU SECOND ACTE.

 

ACTE TROISIEME.

Le Théâtre représente le vestibule du Temple de Jupiter, où Pollux doit faire un sacrifice.

Scène première.

POLLUX, seul.
Présent des Dieux, doux charme des humains,
O divine amitié
! viens pénétrer nos âmes :
Les cœurs, éclairés de tes flammes,
Avec des plaisirs purs, n'ont que des jours sereins.
C'est dans tes nœuds charmants que tout est jouissance ;
Le temps ajoute encor un lustre à ta beauté :
L'amour te laisse la constance ;
Et tu serais la volupté
Si l'homme avait son innocence.

Présent des Dieux, doux charme des humains,
O divine amitié
! viens pénétrer nos âmes :
Les cœurs, éclairés de tes flammes,
Avec des plaisirs purs, n'ont que des jours sereins.
 

(Le temple s'ouvre, & les prêtres en sortent.)
 

Mais le temple est ouvert, le Grand-Prêtre s'avance.

 

Scène II.

POLLUX, LE GRAND-PRÊTRE de Jupiter, PEUPLES & suites du GRAND-PRÊTRE.

LE GRAND-PRÊTRE.
Le souverain des Dieux
Va paraître en ces lieux,
Dans tout l'éclat de sa puissance :
Tremblez, redoutez sa présence !
Fuyez, mortels curieux.

Ce n'est que par les feux & la voix du tonnerre
Qu'il s'annonce à la terre :
Et l'aspect redouté de son front glorieux,
N'est vu que par les Dieux.

Qu'au seul nom de ce dieu suprême
De respect & d'effroi tous les cœurs soient glacés ;
Fuyez & frémissez ;
Fuyons & frémissons nous­même.

CHŒUR de PRÊTRES.
Fuyons & frémissons nous­même.

(Le théâtre change : JUPITER paraît dans son palais, assis sur un trône et environné de toute sa gloire.)

 

Scène III.

JUPITER, POLLUX.

POLLUX, aux pieds de Jupiter.
Ma voix, puissant maître du monde,
S'élève en tremblant jusqu'à toi :
D'un seul de tes regards dissipe mon effroi,
Et calme ma douleur profonde.

O mon père écoute mes vœux.

L'immortalité, qui m'enchaîne,
Pour ton fils désormais n'est qu'un supplice affreux.
Castor n'est plus, & ma vengeance est vaine,
Si ta voix souveraine
Ne lui rend des jours plus heureux.

O mon père, écoute mes vœux.

JUPITER.
Que son retour, mon fils, aurait pour moi de charmes !
Qu'il me serait doux d'y penser !
Mais l'enfer a des lois que je ne puis forcer ;
Et le sort me défend de répondre à tes larmes.

POLLUX.
Ah ! laisse­moi percer jusques aux sombres bords.
J'ouvrirai sous mes pas les antres de la terre :
J'irai braver Pluton, j'irai chercher les morts
A la lueur de ton tonnerre ;
J'enchaînerai Cerbère ; &, plus digne des cieux,
Je reverrai Castor & mon père & les dieux.

JUPITER.
J'ai voulu te cacher le sort qui te menace.
D'un frère infortuné tu peux briser les fers,
Si tu descends dans les enfers ;
Mais il est ordonné, pour prix de ton audace,
Que tu prennes sa place.

Tes jours éternels, tes beaux jours
Sont trop dignes d'envie.

POLLUX.
Non, je ne puis souffrir la vie,
Si Castor avec moi n'en partage le cours.
Je reverrai mon frère, il verra Télaïre :
Il est aimé, c'est à lui d'être heureux.
Chaque instant, qu'ici je respire,
Est un bien que j'enlève à son cœur amoureux.

JUPITER.
Avant que de céder au penchant qui t'inspire,
Vois ce que tu perds dans les cieux.

Enfants du ciel, charmes de mon empire,
Plaisirs, vous qui faites les dieux,
Triomphez d'un dieu qui soupire.

(Les Plaisirs Célestes, conduits par Hébé, entrent en dansant ; ils entourent Pollux ; Jupiter se retire.)

 

Scène IV.

POLLUX, HÉBÉ, les PLAISIRS CÉLESTES, qui tiennent des guirlandes de fleurs, dont ils veulent enchaîner POLLUX.

(Entrée d'Hébé & de sa suite, formée par les Plaisirs Célestes.)

POLLUX
Tout l'éclat de l'Olympe est en vain ranimé.
Le ciel & le bonheur suprême
Sont aux lieux où l'on aime,
Sont aux lieux où l'on est aimé.

LE CHOEUR.
Qu'Hébé, de fleurs toujours nouvelles,
Forme vos chaînes éternelles.

(Hébé danse & ne cesse d'attaquer Pollux, qu'elle veut enchanter.)

UNE SUIVANTE D'HÉBÉ.
Voici des Dieux
L'asile aimable :
Goûtez des cieux
La paix durable.

Plus de plaisirs
Que de désirs ;
Des chaînes,
Sans peines ;
Et de beaux jours
Comptés toujours
Par les Amours.

Si l'on soupire,
C'est sans martyre ;
Est­on charmé ?
L'on plait de même :
On dit qu'on aime ;
On est aimé.

POLLUX.
Ah ! sans le trouble où je me vois,
Charmants Plaisirs, je vous serais fidèle ;
Mais, dans l'excès de ma douleur mortelle,
Plaisirs, que voulez­vous de moi ?

(Danse d'Hébé.)

UNE SUIVANTE D HÉBÉ.
Que nos jeux
Comblent vos vœux :
Suivez Hébé ; que votre jeunesse ;
Sans cesse,
Renaisse,
Pour être à jamais heureux.

La grandeur la plus brillante,
N'est point l'attrait qui nous tente :
Venez, voyez, goûtez
Les célestes voluptés.

Nous aimons,  Jupiter-même
N'est heureux que quand il aime.
Aimez, cédez, suivez
Les biens qui vous sont réservés.

(La danse recommence; les Plaisirs Célestes font de nouveaux efforts pour arrêter Pollux.)

POLLUX.
Si je romps vos aimables chaînes,
J'épargne aux dieux ma honte & mes soupirs.
Je descends aux enfers, pour oublier mes peines ;
Et Castor renaîtra, pour goûter vos plaisirs.

(Pollux rompt les guirlandes de fleurs dont il est enchaîné, & se dérobe aux Plaisirs qui le suivent.)

FIN DU TROISIEME ACTE.

 

 

ACTE QUATRIEME.

Le Théâtre représente l'entrée des enfers, où l'on descend par des rochers escarpés. Dans le fond est une caverne, qui vomit des flammes, & dont le passage est défendu par des monstres, des spectres et des Démons..

Scène première.

PHÉBÉ, seule.
Esprits, soutiens de mon pouvoir,
Venez, volez, remplissez mon espoir.
Descendez au rivage sombre ;
Il faut lui ravir une ombre.

(Les Esprits & Puissances magiques descendent des rochers à la voix de Phébé, elle forme ses enchantements.)

 

Scène II.

PHÉBÉ, ESPRIT MAGIQUES.

PHÉBÉ.
Rassemblez­vous, secondez mon ardeur :
Des monstres des enfers, combattez la fureur.

LE CHŒUR.
Des monstres des enfers combattons la fureur.

PHÉBÉ.
Redoublez vos charmes ;
Pénétrez ce séjour,
Impénétrable au jour :
Redoublez vos charmes ;
Empruntez les traits de l'Amour
Pour avoir de plus fortes armes !

LE CHOEUR.
Des monstres des enfers combattons la fureur.

PHÉBÉ.
Mais que vois je ?

(Elle aperçoit Mercure, qui descend : Pollux paraît en même temps.)

 

Scène III.

MERCURE, PHÉBÉ, POLLUX,
ESPRITS MAGIQUES.

MERCURE.
Phébé, tu fais de vains efforts ;
De tes enchantements vois l'inutile usage :
Le fils de Jupiter aura seul l'avantage
De pénétrer aux sombres bords.

PHÉBÉ.
Ah ! Prince, où courez­vous ?

POLLUX.
Je vole à la victoire
Qui doit couronner mes travaux.
Le chemin des enfers, sous les pas d'un héros,
Devient le chemin de la gloire.

PHÉBÉ.
Laissez­moi devancer vos pas ;
Laissez­moi braver tout obstacle.
A l'Amour est dû le miracle
De triompher du trépas.

POLLUX.
Allons, Mercure, où tu me guides.
L'ardeur que j'éprouve en ce jour
Prête à mon amitié des ailes, plus rapides
Que ne sont celles de l'Amour.

(Il veut entrer dans la caverne ; les monstres & les démons sortent des enfers pour défendre le passage.)

 

Scène IV.

Les ACTEURS de la scène précédente, DÉMONS, MERCURE, POLLUX & PHÉBÉ.
Tombez, rentrez dans l'esclavage :
Arrêtez, Démons furieux.

POLLUX. Livrez-moi / cet affreux passage :
PHÉBÉ - MERCURE. Livrez-lui /cet affreux passage.

POLLUX. Et redoutez / le fils du plus puissant des dieux.
PHÉBÉ - MERCURE. Et respectez / le fils du plus puissant des dieux.

 

CHŒUR DES DÉMONS.
Sortons d'esclavage ;
Fermons-lui cet affreux passage.

(Danse des Démons, qui veulent effrayer Pollux.)

CHŒUR DES DÉMONS.
Brisons tous nos fers :
Ebranlons la terre,
Embrasons les airs ;
Qu'au feu du tonnerre
Le feu des enfers
Déclare la guerre :
Brisons tous nos fers.

Jupiter, lui­même,
Doit être soumis
Au pouvoir suprême
Des enfers unis.
Ce Dieu téméraire
Veut­il,  pour son fils,
Détrôner son frère ?

Brisons tous nos fers, &c.

(Les démons continuent leur danse, & redoublent leurs efforts pour écarter Pollux. Les Furies sortent des enfers, armées de flambeaux & de serpents. Cet action est suivie d'une reprise du choeur précédent, pendant laquelle Pollux combat les démons : Mercure les frappe de son caducée, & passe, avec Pollux, dans la caverne. Phébé, qui ne peut les suivre, se livre au désespoir, se donne un coup de poignard & se précipite dans l'abîme.)

 

Scène V.

Le théâtre change & représente les Champs Elysées. On voit le fleuve Léthé, qui serpente dans ce séjour délicieux. Des Ombres Heureuses paraissent errer dans l'éloignement, & viennent à la rencontre de Castor.

CASTOR, OMBRES HEUREUSES.

CASTOR.
Séjour de l'éternelle paix.
Ne calmerez­vous point mon âme impatiente ?
L'amour jusqu'en ces lieux, me poursuit de ses traits :
Castor n'y voit que son amante,
 Et vous perdez tous vos attraits.

Séjour de l'éternelle paix,
Ne calmerez-vous point mon âme impatiente ?

Que ce murmure est doux ! que cet ombrage est frais !
De ces accords touchants la volupté m'enchante
:.
Tout rit, tout prévient mon attente,
Et je forme encor des regrets.

Séjour de l'éternelle paix,
Ne calmerez-vous point mon âme impatiente ?

(Les Ombres Heureuse dansent.)

CHŒUR DES OMBRES HEUREUSES.
Qu'il soit heureux,  comme nous.
Des biens que nous goûtons sur cet heureux rivage
Nos cœurs ne sont point jaloux :
Il les voit, qu'il les partage.
Qu'il soir heureux, comme nous.

(Différents quadrilles d'Ombres Heureuses s'approchent de Castor.)

UNE OMBRE.
Pour toujours
Ce rivage
Et sans nuit & sans orage :
Pour toujours
Cette aurore
Fait éclore
Nos beaux jours.

C'est le port
De la vie ;
C'est le sort
Qu'on envie.
Le Monde & ses faux attraits.
Sont-ils faits
Pour nos regrets ?

Non, jamais,
Lieux propices,
Vous n'offrez que des délices :
Non, jamais
Cet empire
Ne respire
Que la paix.

(Des danses légères expriment, par des jeux différents, le caractère des Ombres.)

UNE OMBRE.
Sur les Ombres fugitives
L'Amour lance encor des feux ;
Mais il ne fait sur ces rives
Qu'un peuple d'amants heureux.

(On danse, & les Ombres suivent toujours Castor.)

UNE OMBRE, alternativement avec le CHOEUR.
Dans ces doux asiles
Vos voeux seront couronnés,
Venez :
Aux plaisirs tranquilles
Ces lieux charmants sont destinés.

Ce fleuve enchanté,
L'heureux Léthé,
Coule ici parmi les fleurs :
On n'y voit ni douleurs,
Ni soucis, ni langueurs,
Ni pleurs :
L'oubli n'emporte avec lui
Que les soins & l'ennui :
Ce Dieu nous laisse
Sans cesse
Le souvenir
Du plaisir.

(Les Ombres reprennent leurs danses, qui sont, tout à coup, interrompues.)

CHŒUR.
Fuyez, fuyez, ombres légères !
Nos jeux sont profanés par des yeux téméraires.

(Pollux paraît, & les Ombres étonnées fuient devant lui.)

 

Scène VI.

POLLUX, CASTOR, les OMBRES, MERCURE, dans l'éloignement.

POLLUX.
Rassurez­vous, habitants fortunés !
Loin de troubler ce favorable asile
J'y viens goûter la paix que vous donnez.

C'est ici des héros la demeure tranquille.
Chère ombre, paraissez !...

CASTOR, apercevant Pollux.
O mon frère ! est­ce vous ?
O moment de tendresse !

ENSEMBLE.
O moments les plus doux !
O mon frère ! est­ce vous ?

POLLUX.
C'est moi qui viens baser la cha~ne qui te lie :
C'est moi qui t'ai vengé d'un rival odieux.

CASTOR.
Je verrais la clarté des cieux ?

POLLUX.
C'est peu de te rendre la vie,
Le sort t'élève au rang des dieux.

CASTOR.
Qu'entends-je ? quel bonheur ! Je quitterai ces lieux ?
Et le ciel près de toi me permettrais de vivre ?

POLLUX.
Non, tu jouiras seul d'un partage si doux ;
Et le destin jaloux
Va m'imposer les fers, dont ma main te délivre.

CASTOR.
Par ton supplice, ô ciel ! j'achèterais le jour ?

POLLUX.
Tout l'univers demande ton retour :
Règne sur un peuple fidèle.

CASTOR.
Le fils de Jupiter doit lui donner la loi.

POLLUX.
Vois dans les cieux la gloire qui t'appelle.

CASTOR.
J'immole au seul plaisir qui m'approche de toi
Toute la grandeur immortelle.

POLLUX.
Télaïre t'attend.

CASTOR.
Cruel, épargne­moi :
Elle­même, à ce prix, verrait avec effroi
Renouer de mes jours la trame criminelle.

POLLUX.
Castor, nous la perdrons tous deux.
Si tu tardes encor, tu lui coûtes la vie ;
Hâte­toi,  va ; le ciel t'ordonne d'être heureux,
Et c'est ton rival qui t'en prie.

(Il embrasse son frère.)

CASTOR.
Oui, je cède enfin à tes vœux :
J'irai sauver les jours d'une amante fidèle
Je renaîtrai pour elle.

Mais puisqu'enfin je touche au rang des immortels,
Je jure, par le Styx, qu'une seconde aurore
Ne me trouvera pas au séjour des mortels.
Je ne veux que la voir & l'adorer encore,
Et je te rends le jour, ton trône et tes autels.

POLLUX, à Mercure.
Ses jours sont commencés ;
Volez, Mercure, obéissez.
Rendez un Immortel au séjour du tonnerre,
Un héros à la terre ;
Volez, Mercure, obéissez.

CHOEUR DES OMBRES.
Revenez, revenez sur les rivages sombres :
Habitez tous deux parmi nous,
Et nous rendrons les dieux jaloux
De la félicité des ombres.

(Mercure enlève Castor dans un nuage : Pollux lui tend les bras, & se retire avec les Ombres fortunées.)

FIN DU QUATRIEME ACTE.

 

ACTE CINQUIEME.

Le Théâtre représente une vue agréable des environs de la ville de Sparte, précédée d'un arc de triomphe, ornés de festons & de guirlandes pour le retour de Castor.

Scène première.

CASTOR, TÉLAÏRE.

TÉLAÏRE.
Le ciel est donc touché des plus tendres amours ?
Au jour, que je quittais, votre voix me rappelle :
Vous vivrez, pour m'être fidèle,
Et vous vivrez toujours.

CASTOR
Hélas !

TÉLAÏRE.
Mais pourquoi ces alarmes ?
Vous m'aimez, je vous vois...

CASTOR.
Télaïre, vivez.

TÉLAÏRE.
Qu'entends-je ! quels discours ?

CASTOR.
Télaïre...

TÉLAÏRE.
Achevez.
Le plus beau de nos jours est-il fait pour des larmes ?

CASTOR.
A d'éternels adieux il faut nous préparer.

TÉLAÏRE.
Que dites­vous ? ô ciel !

CASTOR.
Il faut nous séparer :
Je retourne aux rivages sombres.

TÉLAÏRE.
Castor ! & vous m'abandonnez ?

CASTOR.
Mon frère & mes serments m'attendent chez les ombres.

TÉLAÏRE.
A vous pleurer encor mes yeux sont condamnés !
A peine je vous vois
! à peine je respire,
Castor ! & vous m'abandonnez ?

CASTOR.
L'instant fatal approche, il me presse, il expire...
Que cet instant a d'horreur & d'appas !

TÉLAÏRE.
Hélas ! te puis-je croire,
Quand, parjure à l'amour, ingrat, tu ne fais gloire
Que d'être fidèle au trépas ?

(On entend des chants de réjouissance publique.)

Mais j'entends des cris d'allégresse.

 

Scène II.

CASTOR, TÉLAÏRE,
troupe de SPARTIATES, qui viennent au-devant de Castor.

CHŒUR.
Vivez, heureux époux.

TÉLAÏRE.
Au devant de tes pas tout ce peuple s'empresse :
Veux tu troubler ces jeux ? ils étaient faits pour nous.

CASTOR, au peuple.
Hélas ! vous ignorez que votre attente est vaine.

TÉLAÏRE & LE CHOEUR.
Pourquoi vous dérober à des transports si doux ?

CASTOR.
Peuples, éloignez vous.
Vos désirs augmentent ma peine.

(Le peuple sort.)

 

Scène III.

CASTOR, TÉLAÏRE.

TÉLAÏRE.
Eh quoi ! tous ces objets ne peuvent t'attendrir ?

CASTOR.
Voulez­vous qu'aux enfers j'abandonne mon frère ?

TÉLAÏRE.
Les Dieux nous le rendront: Jupiter est son père.

CASTOR.
Vivez, & laissez-moi mourir.

TÉLAÏRE.
Tu meurs !... Pour qui veux­tu que je respire encore ?

CASTOR.
Régnez ; mon frère est immortel,
Mon frère vous adore.

TÉLAÏRE.
Non, je n'attendrai pas un destin si cruel :
J'en atteste les Dieux et la mort, que j'implore.

CASTOR.
Arrêtez, redoutez les charmes de vos pleurs.
Si j'osais balancer, il est des dieux vengeurs :
Sur moi, sur vous, peut-être, ils puniraient ma flamme.

TÉLAÏRE.
De quelle horreur encor viens­tu frapper mon âme ?

CASTOR.
J'armerais Jupiter ; son fils a mes serments.

TÉLAÏRE.
lls ont aimé, ces dieux ; ils plaindront des amants.

(On entend plusieurs coups de tonnerre.)

Qu'ai­ie entendu ! quel bruit ! quels éclats de tonnerre !
Hélas ! c'est moi qui t'ai perdu.

CASTOR.
J'entends frémir les airs ! je sens trembler la terre !
C'en est fait, j'ai trop attendu.

ENSEMBLE.
Arrête, dieu vengeur, arrête !

(Le bruit redouble.)

CASTOR.
L'enfer est ouvert sous mes pas !
La foudre gronde sur ma tête !

(Télaïre tombe évanouie de frayeur.)

Ciel ! O ciel ! Télaïre expire dans mes bras !
 Arrête, dieu vengeur, arrête !

(Une Symphonie mélodieuse succède au bruit du tonnerre.)

Mais, le bruit cesse... ouvrez les yeux :
A nos tourments la nature est sensible,
Et ces concerts harmonieux
Annoncent un Dieu plus paisible.

(Jupiter descend du ciel sur son aigle.)

 

Scène IV.

JUPITER, CASTOR, TÉLAÏRE.

JUPITER.
Les destins sont contents : ton sort est arrêté ;
Je te rends à jamais le serment qui t'engage :
Tu ne verras plus le rivage
Que ton frère a déjà quitté.
Il vit, et Jupiter vous permet le partage
De l'immortalité.

(Pollux paraît.)

 

Scène V.

JUPITER, TÉLAÏRE, CASTOR, POLLUX.

CASTOR.
Mon frère ! O ciel !

POLLUX.
Dieux ! Je retrouve ensemble
Tous les objets de mon amour
!

CASTOR.
J'allais te délivrer du ténébreux séjour,
Quand le ciel enfin nous rassemble.

CASTOR  & TÉLAÏRE.
Dieux, qui formez pour nous un sort si plein d'appas.
O Dieux, ne nous séparez pas.

JUPITER.
Séjour de ma grandeur, où je dicte mes lois,
Vaste empire des cieux, ouvrez­vous à ma voix.

 

Scène dernière.

 Les cieux s'ouvrent & font voir, au milieu des airs, le palais de Jupiter, d'une architecture éclatante & légère, porté sur des nuages. Il communique des deux côtés, par des colonnades, aux pavillons des principales divinités célestes, désignées par leurs divers attributs. Dans le lointain, paraît une partie du zodiaque, où se voit la place destinée à la constellation des gémeaux. Le globe du Soleil est au milieu, parcourant sa carrière. Toutes les divinités du ciel se rassemblent, ainsi que les génies qui président aux planètes & aux constellations.

JUPITER, POLLUX, CASTOR, TÉLAÏRE,
les GÉNIES célestes, les HEURES, &c.

JUPITER, à Castor & Pollux.
Tant de vertus doivent prétendre
 Au partage de nos autels.
Offrons à l'univers des signes immortels
D'une amitié si pure & d'un amour si tendre.

Venez, jeune Immortelle, embellissez les cieux ;
Le Sort accomplit ses promesses.
C'est la valeur qui fait les dieux.
Et la beauté fait les déesses.

TOUS LES CHŒURS.
Que les cieux, que la terre & l'onde
Brillent de mille feux divers ;
C'est l'ordre du maître du monde,
C'est la fête de l'univers.

(Ballet figuré des Heures et des Planètes.)

CASTOR.
Qu'il est doux de porter tes chaînes,
Tendre amour,  tes plaisirs font oublier tes peines.
J'ai fait briller tes feux dans cent climats divers,
Pour montrer à tout l'univers
Qu'il est doux de porter tes chaînes.

Tout m'a dit dans les enfers
Qu'il est doux de porter tes chaînes :
Et quand les cieux me sont ouverts
J'entends retentir dans les airs:
Qu'il est doux de porter tes chaînes.

(Les Choeurs se mêlent à la voix de Castor, & répètent ces derniers vers ; la fête continue.)

LE CHŒUR.
Que les cieux, que la terre & l'onde
Brillent de mille feux divers
;
C'est l'ordre du maître du monde,
C'est la fête de l'univers.

(Un divertissement général termine l'opéra.)

FIN.