Récitatif.
Que
j'ai bien mérité la froideur d'Orithie,
S'écriait Aquilon rebuté des mépris
De la beauté dont il était épris.
Ma flamme, disait-il, en fureur convertie
Va faire succéder a mes soins les plus doux,
A mon respect, à mon obéissance
Une barbare violence,
Un impitoyable courroux !
Air
un peu gai.
Un
amant tel que moi doit-il prouver sa flamme
Par les désirs les plus discrets ?
Et de quoi m'ont servi mille soupirs secrets
Mille voeux trop soumis qu'avait formés mon âme
?
Récitatif.
Peut-être
d'Orithie avec moins de douceur
La fierté sera surmontée.
Eprouvons du moins si son coeur,
Trop insensible à la tendre langueur,
Peut céder aux transports d'une ardeur irritée.
Air
vivement.
Servez
mes feux à votre tour,
Force indomptable, affreuse rage !
Que tout l'univers en ce jour
Soit en proie à votre ravage !
Pénétrez
dans le sein des mers,
Confondez le ciel et la terre,
Portez jusqu'au fond des enfers
Toutes les horreurs de la guerre !
Servez
mes feux, &c.
Récitatif.
Après
ces discours menaçants,
Aquilon vole, et ses efforts puissants
Inspirent aux mortels la crainte et la tristesse.
Ile enlève Orithie en traversant la Grèce ;
La violence de ses feux
Lui fait connaître enfin quelle en est la tendresse
;
Par un juste retour elle écoute ses voeux.
Air
gracieusement et un peu piqué.
On
peut toujours dans l'amoureux mystère
Trouver le moyen de charmer ;
Celui qui devrait alarmer,
Devient quelquefois nécessaire.
Une
beauté peut, sans être sévère,
Refuser l'hommage d'un coeur.
Loin de l'accuser de rigueur,
Essayons toujours de lui plaire.
On
peut toujours, &c.